La fièvre aphteuse ou la maladie des pieds et de la bouche

Page 52

Vers la guérison naturelle Au bout d’une dizaine de jours, je suis amaigrie, probablement anémiée et encombrée d’une langue pelée, résultat de l’éclatement de la plupart de ses vésicules aphteuses mais je me sens un peu mieux. L’appétit revient progressivement et je recommence à me nourrir. Ma rumination n’a plus l’efficacité que je lui connaissais et ne me procure plus la sensation de bien-être d’auparavant mais la production de lait repart, à la grande satisfaction du fermier. Ma robustesse m’a permis de survivre au prix de quelques séquelles : une légère boiterie, une production de lait moins abondante et de qualité moindre, des cicatrices sur les mamelles. Toutes n’ont pas eu cette chance. Même si la maladie elle-même n’est pas mortelle, ses conséquences peuvent l’être. Des vaches sont mortes de ne pouvoir s’alimenter, d’autres ont avorté de veaux mortnés. De jeunes veaux ont été foudroyés par une atteinte cardiaque appelée myocardite ou syndrome du cœur tigré. A l’autopsie, leur cœur était pâle, strié de taches grises, rouges ou jaunes. Je sais que j’ai échappé aussi à des atteintes de la face interne de mes cuisses et aux aphtes sur la vulve et l’anus qui obligent à secouer furieusement la queue pour tenter de se soulager. J’aurais pu aussi développer des lésions au foie, à la moelle osseuse ainsi que certaines formes nerveuses et respiratoires de la maladie. Le taureau n’a pas été épargné. Sa démarche avec les pattes arrière raides traduisait manifestement des testicules engorgés et douloureux. Maintenant, je suis immunisée pour quelques mois contre une nouvelle attaque de la même souche du virus. Le fermier va probablement me garder et me faire reproduire car il sait que je transmettrai à mon veau les anticorps que j'ai produits pour lutter contre le virus.

35

I

La vache avant 1961


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.