LA GAZETTE DES JOCKEYS CAMOUFLÉS - N°13

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« La Gazette des Jockeys Camouflés » est un tabloïd mensuel de littérature installé dans les marges de la collection « Les Jockeys Camouflés » publié par Bãzãr édition. Parce que la poésie est inadmissible, le poème y tiendra une grande part avec des traductions inédites de poètes étrangers et des interventions d’auteurs contemporains.

hélène bessette

isabelle garron

anne portugal

emmelene landon

LA GAZETTE DES JOCKEYS CAMOUFLÉS EST ÉDITÉE PAR BÃZÃR ÉDITION - www.bazaredition.com - RÉDACTION  : LILIANE GIRAUDON et thomas doustaly - CONCEPTION GRAPHIQUE  : MARC-ANTOINE SERRA - relecture et corrections : jérémy robert


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est un manuel de questions des corps disparus. il aborde roblème de la mémoire et de ». e?

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paru en 1982 aux Éditions de vre radicalement transgenre ue transformiste (y circulent me et femme, mort et vivant, candaleux, ce livre renvoie à comme à la passion érotique

no gisinger articule ces deux ative mais dans une fonction

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la conDition Des soies BÃZÃR e d i t i o n

Annie Zadek images Arno gisinger Nécessaire et urgent suivi de La Condition des soies

04/03/13 19:38

ISBN : 978-2-9539327-2-0

20 euros

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06/03/13 09:48

Jean-Jacques Viton images La Rochegaussen Catwalk ISBN : 978-2-9539327-5-1

20 euros

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L E B ON A IR A D message de qualification on propose un essai ça vous dirait d’être éblouissant (écrit en lettres de lumière) et cette efficacité vous offre tout modestement un degré (en réalité) qui consiste les joues rouges en objet de confusion (précise simplement) le fait que cela se voit ouvre le corps l’allège

Anne portugal

Anne Portugal est poète et traductrice. Elle a publié, aux éditions P.O.L., Les Commodités d’une banquette (1985), De quoi faire un mur (1987), Le plus simple appareil 1992, Dans la reproduction en deux parties égales des plantes et des animaux (1999), (avec Suzanne Doppelt), définitif bob (2001), et la formule flirt en 2010. Et chez d’autres éditeurs, Fichier (Chandeigne), et les gens contents de se baigner (éd. Rup & Rud), Voyer en l’air (l’Attente), Marquise vos beaux yeux avec Liliane Giraudon, Michelle Grangaud et Josée Lapeyrère (Le Bleu du ciel), en parlant de salut public (Ink), et a publié dans les revues Po&sie, Action poétique, If, Banana Split, Vacarme, Java, Burning Deck, La Revue de Littérature générale, Read, Ligne 13… Elle a traduit Paramour de Stacy Doris, aux éditions P.O.L. (avec Caroline Dubois) en 2009, et Meddle English de Caroline Bergvall (avec Vincent Broqua et Abigail Lang) à paraître aux Presses du réel en 2014.

aussi bien que frisbee pousse à guetter sur le marché spontané & compagnie le bleu de la loyauté le geste d’écart exaspérant la vie terrestre le bleu (en vedette) outre le bleu nuit de demi-deuil (est ce un reflet) attaché il est donc de l’intérêt holy holy à cent % pour cent noter ça holy


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E B E A U X DR A P S si tu peux dire serpents ça passe senti mentalement ses saisons le rapproche ment dans l’esprit des saints enregistré dans le sifflement du cerveau archaïque alors toi aussi dépends des lois d’accès et c’est la danse du learnlikedo

des mesures si bien prises l’anglais puzzle ne contribue pas moins donne un relief l’applique à de divers ruisseaux pour traiter de l’union

et au degré de contraste souhaité chacun pense veut bien rester à son inégale épaisseur enfin il y a des fentes pour assurer la ventilation

développé que c’est bon vraiment bon élevé selon une dimension à tous les modèles

un rouge d’adoption l’avant de la bouche cet éclatant rapport officiel rouge attirant l’attention du folklore slave fait évoluer le superlatif nuit la nuit tombe

l’emploi de gélatine analogique à l’ange d’élite la reverse à l’amidon ad hoc sur les doux bords camphrés a-t-il fait découvrir l’étonnante eu phorie coton sur acide vert osmique

on récupère un quadrillage on voit souvent près des battements ces los anges à leur tour à leur conformation interne que le cœur présente comment racontez-vous la vie ce faible courant

transfusion des feuilles on vous soutient le service des éclairs on vous soutient sentiers modélisés on vous soutient fléchage d’une couleur tranchant sur le fond au moyen de flèches réelles on vous soutient de l’essentiel au complémentaire orange le schéma de l’autre on vous soutient l’impact sur lui le moyen de conduire le moyen d’intégrer je veux mon épéda dans l’entreprise des rivières assimilables et des forêts allez darling on vous soutient


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Emmelene Landon

Peintre, écrivain, réalisatrice de vidéos et de créations radiophoniques, Emmelene Landon est née en Australie et vit à Paris. Elle est notamment l’auteur du Tour du monde en porte-conteneurs (Gallimard, 2003), de Susanne (Léo Scheer, 2006), du Voyage à Vladivostok (Léo Scheer, 2007), de La Tache aveugle (Actes Sud, 2010) et de Portrait(s) de George (Actes Sud, février 2014).


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Na i n e Ja u n e Deux parmi les Exercices prononcés

Isabelle Garron

Isabelle Garron vit et travaille à Paris. A suscité la réédition à l’identique de La Lucarne ovale de Pierre Reverdy (Théâtre typographique, 2001). A collaboré à plusieurs anthologies ainsi qu’à diverses revues. Fut membre du comité de rédaction d’Action poétique. De 2005 à 2009, participe au plateau de « Peinture fraîche », programme de France Culture produit et animé par Jean Daive. Ses travaux d’écriture disséminés les plus récents abordent les œuvres des générations aînées mais aussi de ses pairs. Récemment, avec le danseur Mani A. Mungaï, ils inventent une collaboration intitulée « Le Pas contemporain », élargissant le champ de leurs pratiques respectives, et donnant lieu à l’écriture de performances de poèmes chorégraphiés (Le Pot aux roses, 2012, Maison de la poésie, 2013). Ses trois principaux ouvrages (Face devant Contre 2002, Qu’il Faille, 2007, Corps Fut, 2011) conçus dans l’idée d’une trilogie sont parus chez Flammarion dans la collection « Poésie ». Son quatrième volume de poèmes se prépare pour 2015 et paraîtra dans la même collection. Elle écrit actuellement une postface aux Œuvres complètes de Anne-Marie Albiach à paraître en 2014. Naine jaune est un inédit lu dans une ancienne version aux Voix de la méditerranée de Lodève (2012) et dans une version récente à Poitiers, en octobre 2013.


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1. de l’ hydrogène en hélium

2. Mercure Venus et la Terre

Aux marges rapportées en direct nous combattions reliés par la liesse et le trésor des peuples à ce vendeur très jeune au second plan sur le trottoir filmé. Annoncé d’un sifflement je vis sans une rayure ni un enjambement mais davantage de fleurs dans sa panière de commis et pour un gain son sourire.

Plus tard dans l’exercice Tenter. L’approche d’un peu d’une pièce de Latifa E de ses objets de tout ce temps reprisé dont le pain qu’elle met à cuire sous la cendre par une terre qui s’ouvre dans la paume d’une main seule. Viennent de fait avec l’ongle et le tamis les verticales l’après midi ces mots par lesquels j’écris Un jour pas indien oui cette fois Que je t’ai visitée ma chère Transparente à tes seuils et puis j’écris le froid de disparaître dans un de tes chapeaux sur un sol de fanes En cheveux aussi ou bien chauve ou bien lisant un arbre à prières un ex-voto un corps battu par l’appendice d’une idée brûlant tout ensemble la langue et feu la planche de mon lit.

Puis ces pelures d’orange noircies sur la chaussée Et une année écrite sur le mur par des signes Et l’impact de vos marches dans les allées qui vante depuis les vues à l’ère de leur reproductibilité l’amant et ses habits. Et toi qui sommeilles et moi si … qui voyageant avance avec toujours ce carnet de toi à la main main qui caresse pour l’instant dos mur et silos puis la poignée de porte le chant fini d’un matin tel celui d’un jour seul où l’on parle du dictateur de ses crimes de ses manies où le chant se délie. Ici — ailleurs ou : je n’ai pas dormi mais observé des heures durant les femmes puis la patiente sortie roulant de sa beauté en fauteuil et fumant entre les ronds blancs. De la fenêtre j’assiste sa chorégraphie d’où magistrales surgirent à pas lents les naines jaunes de mon rêve racontant : elle toujours dans la neige circulant en fauteuil fumant entre les disques de loin fumant ce qui demeure une tige noire. Or j’écris avec son mégot et pour l’heure je recopie sur ce feuillet la ligne de ratures tracée par les voix fixes dans les foules et les formes des minarets. J’écris passant le pont de Galata sous les pailles mémorisées des écrans les visages d’un chant à l’assaut comme lave. Oh flux ! de ces corps qui se dressaient en flammes tels vos feux nos feux aux mâts des lampadaires.

Se déclarerait alors devant la marche un désir de texte issu de ton sujet. Les enfants poussent des cris Et voilà : tu t’éclipses maintenant sous ton bras une branche de rhubarbe et l’idée de ses « registres d’absence ». De ce fait j’invente douce au fer d’abord l’approche front contre front dans l’odeur du henné et quelque chose rouge de ce qu’un point de chute signifie va signifier aux nuits et d’ombres rythmées à la bougie sur la table par ton invention des livres que je lis et que je relis seule à vivre la tête en bas Or cela c’est dire comment par les pieds se déplace mon corps dans le pays d’un autre tissé et rejoint s’il le veut sur le métier. Se souvenir dans la foulée et l’éclair d’un tapis de noces. écrire à la suite encore dans le filage de fin de jour que je lus « zone habitable de son étoile » conduite par la femme aux longs cheveux accostée dans l’histoire qu’elle borde. Aussi je roule à mon tour « Partout est un songe » sur lequel se délacent par la passe d’un calque les cohérences de la nuit les lumières de la nuit de ce que petite nuit tire vers la grande Nuit Direction de la femme étrangère avançant à mon bras. Oh mes naines noires ! Oh ! vie réduite au risque des pourparlers d’une semelle de cuir des manifestations interminables sur la piste le corps inquiet voilà désormais que je contemple peinée un verre d’eau et ses reflets sur une table ornée de mosaïques bleues. Il fait frais dans le patio assise sur un banc et là tracer le spectacle muet dont se défaire Oh naine mauve au cou de la fée ! Infirme de la traduction mais enfin comment le suivre ? Comment « se dessaisir du poème comme s’il — dit-il — était étranger à nous-même » Alors quoi annoncer ? devant « le scintillement de surface » le frôlement d’un vent ? « le frôlement d’un vent » : d’accord tiède au sortir de la tente alors qu’un scarabée se dirige sans moi sur la couleur grège fut silencieuse ce matin et immobile traversée.

Isabelle Garron – fin 2013


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Je vous prie de recevoir mes sentiments Primochoix. hélène bessette Hélène Bessette (1918 - 2000) est un écrivain majeur du XXe siècle. Elle est l’auteur de 13 romans et d’une pièce de théâtre, publiés chez Gallimard entre 1953 et 1973, qui suscitèrent l’admiration de nombreux écrivains, parmi lesquels Raymond Queneau, André Malraux, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir ou bien encore Nathalie Sarraute. Elle est à l’origine du Gang du roman poétique, fondé en 1956 et qui a pour but d’intégrer les conquêtes de la poésie à la forme du roman. Longtemps restée dans l’oubli, elle bénéficie ces dernières années d’un intérêt nouveau, et semble aujourd’hui encore « furieusement moderne », pour reprendre Claire Paulhan. En 2007, la revue If a consacré un numéro spécial à Hélène Bessette dirigé par Julien Doussinault à qui nous devons également cette lettre inédite (sans doute adressée à Alain Bosquet). Laure Limongi a republié une partie de l’œuvre d’Hélène Bessette (maternA, Suite suisse, Ida ou le Délire, La Tour, Si) et un inédit (Le Bonheur de la nuit) aux éditions Léo Scheer. Hélène Bessette est un écrivain pour le XXIe siècle.


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Voici La Tour. Du moins nouveau. Le plus nouveau viendra plus tard. Après que j’aurai fondé ma own limited corporated association. Préférant la petite réalité de quelques livres imprimés. à la grande illusion d’innombrables inédits. Ce qui est parfaitement absurde. (Vous ai-je déjà dit tout cela ? alors si je vous l’ai dit c’est en espagnol). Quant à ce qui se passera 50 ans après ma mort, je m’en fiche éperdument. C’est pourquoi j’ai une profonde horreur des inédits. Aussi je me suis jurée de ne plus rien faire tant que ces trois livres ne seront pas imprimés.

à propos des Revues.

Au hazard de la conversation Martel a glissé que des Revues d’Avant-garde il n’y en a pas. Je lui ai demandé pourquoi les gens qui ont un certain traitement ne les font pas sur leurs propres deniers. J’ai bien fait quelque chose de ce genre dans le Pacifique et sans un sou. Ce n’était pas sans valeur puisque le colonel Labadie, commandant des troupes dans le Pacifique, y était abonné. Il n’est pas protestant mais « Prestige de la France » (c’est moi Bessette, je fais concurrence au Lido). Martel a peut-être essayé de me faire comprendre que c’est très innocemment que la littérature Française m’a laissé cet été vider les P de C au lieu de m’aider par la publication d’un texte. Ce qui n’était pas du tout impossible puisque j’ai encore la lettre des folles promesses de Marcel Arland au sujet d’un passage de Vingt Minutes. Marcel Thiébaut après une rupture sans beauté s’était intéressé à moi (probablement que vous le lui aviez soufflé). Et Les Temps Modernes également. Mais entre-temps le « Nord » était intervenu et peut-être vous avait-on persuadé que grosse prétentieuse, j’avais refusé un texte à la petite Revue de ce journaliste. Or je lui avais offert un morceau de choix : « L’Enterrement de 20 ». Il l’a refusé. J’en reviens toujours là n’est-ce pas ? C’est que j’en ai gros sur le cœur, et que je ne fais pas partie des gens qui oublient mais de ceux qui se souviennent. Et je me souviendrai longtemps que le lendemain du jour où j’ai reçu la lettre de Monsieur Gallimard, s’est déclarée une infection qui, un mois après, était une infection généralisée, cela pour l’été 56, et que pour l’été 57 j’ai dû laisser mes enfants deux mois à leur père, pour aller me faire insulter par des nouveaux riches. Par moments je regrette le temps où je missionnais chez les sauvages. C’était moins dur, et la septicémie que j’y ai eue n’était que localisée. Il n’y a guère moyen d’écrire des romans roses après cela, malgré tous les désirs de la grande presse. Ceci dit, je vous prie de recevoir mes sentiments Primochoix.


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