Dossier Touchée par les fées / saison 2014-2015

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TOUCHÉE PAR LES FÉES pour et par Ariane Ascaride! texte Marie Desplechin! mise en scène Thierry Thieû Niang !costume Merima Trailovic! musique Purcell, The Fairy Queen, direction John Eliot Gardiner ; Chants des Chœurs de l’Armée rouge !production Augurart!

©Jean-­‐Louis fernandez

CONTACT PRODUCTION : AugurArt Vanessa Ceroni Tél. 00 33 6.16.77.75.47 vanessa.ceroni@augurart.com www.augurart.com


La Genèse du spectacle

Cette pièce est née en 2010 d’une commande de la Sacd à Ariane Ascaride pour les « Sujets à vif », pièces brèves présentées au Festival d’Avignon dans la petite cour du lycée Saint-Joseph. Ariane, qui a l’habitude de travailler en bande, m’avait demandé d’écrire un texte avec elle. Et comme l’amorce en était son désir de voler, de s'envoler (eh oui), elle avait demandé à Thierry Thieû Niang de travailler à la mise en espace et même à une chorégraphie. Pour chacun de nous, ce travail s’est révélé une expérience particulière. Très heureuse aussi. Nous avions le sentiment d’avoir créé un objet singulier, une petite ode au théâtre et à la vie, résistante, enthousiaste et naïve. Nous avons gardé l’idée de la reprendre dès que l’occasion s’en présenterait. Quand Philippe Mourrat et Christine Chalas, qui avait assisté à l’une des cinq représentations d’Avignon, nous ont invités à la donner aux Métallos, nous n’avons pas hésité une seconde. Mais deux ans avaient passé... Nous nous sommes remis au travail. Sur la même trame (Ariane raconte dans un long monologue en quoi et à quel point elle appartient au théâtre), nous avons repris texte, danse et jeu. Et voilà, comment sont les choses, en ce mois de février 2013, pour ce spectacle aussi vivant que nous. Nous voici en février 14 et nous venons de terminer la tournée de ce " touchée par les fées" petite forme ! Aujourd'hui nous travaillons à une version définitive prolongeant les discussions entre nous, mais invitons aussi une marionnette à " prendre la parole " et mettre en abime le travail et cette variation sensible autour du métier d'acteur, autour de la personne qu'est Ariane Ascaride !


La Pièce

Dans ce monologue, Ariane Ascaride nous raconte sa propre histoire, inextricablement liée au théâtre : son père, coiffeur d’origine napolitaine, mettait en scène et jouait des pièces du répertoire, tous les dimanches, avec une troupe de théâtre d’amateurs marseillais issus de la Résistance. C’est là qu’Ariane, futur César de la meilleure actrice 1998, fait ses premières armes. Cette idée d’un art à la fois populaire et exigeant l’habite depuis toujours. Ses souvenirs familiaux sont des souvenirs d’images théâtrales : l’enfance vécue sur les planches façonne l’actrice qui débute dans des pièces dirigées par son frère Pierre, metteur en scène et directeur de théâtre. Ce rapport intime, quasi fantasmagorique, entre l’actrice et son art, une sorte de «théâtralité infuse» (comme on peut parler de « science infuse ») rend Ariane Ascaride à la fois unique et universelle. Elle n’a d’ailleurs jamais quitté la scène, tout en jouant dans tous les films de Robert Guédiguian (Marius et Jeannette, Marie-Jo et ses deux amours, Brodeuses, Les Neiges du Kilimandjaro...) et d’autres réalisateurs comme Emmanuel Mouret, Daniel Auteuil, Pascale Bailly, Jean-Daniel Verhaeghe... Touchée par les fées est la version longue, recréée pour la Maison des métallos, d’Une proposition pour un jour d’été, une commande faite à Ariane Ascaride en 2010 par le Festival d’Avignon et la Sacd dans le cadre des « Sujets à vif ». Partant d’un désir précis – parler du rôle qu’elle a toujours rêver jouer –, l’actrice fait alors appel à la romancière Marie Desplechin, qui lui écrit un texte sur mesure, et au chorégraphe Thierry Thieû Niang, qui la « met en corps », et qui sont à nouveau de l’aventure : une histoire d’amitié à trois.


Un entretien avec Ariane Ascaride (déc. 2012)

Mon lien avec le théâtre est un lien familial. Mon père, né à Marseille, est issu de l’immigration italienne. À l’âge de vingt ans, il entre dans la Résistance où il rencontre un ami de Marcel Pagnol qui animait le Théâtre des quatre vents, une troupe de théâtre d’amateurs, héritière des valeurs de la résistance. C’est dans cette troupe que mon père écrivait des pièces, jouait et mettait en scène. Avec mes frères, Pierre et Gilles, devenus respectivement metteur en scène et écrivain, nous allions le dimanche le voir jouer par exemple du Brecht qu’ils étaient les premiers à monter à Marseille ! Ce théâtre voulait faire découvrir d’autres textes que ceux du théâtre bourgeois. Je me suis trouvée là, enfant, à jouer avec mon père et mes frères. Quand j’ai eu dix ans, nous avons joué une pièce qui raconte l’histoire d’Abraham et Isaac au Concours national de théâtre amateur à Vichy et j’ai reçu le premier prix d’interprétation ! Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait... Vous savez, je n’ai jamais choisi consciemment de devenir actrice professionnelle, c’est venu tout seul, doucement... J’ai fait le Conservatoire à Marseille, puis, tout en faisant des études de sociologie, le Conservatoire national à Paris, dans les classes de Marcel Bluwal et Antoine Vitez... Plus tard, on a inventé avec mon frère Pierre le théâtre en appartement en 1978, dans les tours de Bobigny, une aventure incroyable. J’aime créer des liens forts avec les personnes avec lesquelles je travaille, en bande, comme sur ce spectacle : l’alchimie avec Marie Desplechin, que je connaissais déjà, et Thierry Thieû Niang a été immédiate et très forte ! Recréer de la complicité, de la connivence, chercher les personnes avec lesquelles je peux avoir un langage commun est très important pour moi. Si je suis surtout connue par mes films, je n’ai jamais quitté le théâtre qui reste vital. C’est une excellente école : sur un plateau de cinéma, il y a un capitaine, le réalisateur ; sur un plateau de théâtre, on est son propre capitaine... il faut aller au combat. Et puis, il y a cette émotion première quand vous terminez un spectacle, quand la lumière s’éteint... Il n’y a qu’au théâtre qu’on vit ces moments de partage, forts, irremplaçables. Et j’ai de plus en plus envie de partager ! C’est ce que je fais avec Touchée par les fées : passer un moment avec des gens, leur raconter comment ça s’est passé et pourquoi on ne m’a jamais fait jouer Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, un rôle dont je rêve depuis toujours...


ARIANE ASCARIDE !Après avoir suivi les cours d’Antoine Vitez et de Marcel Bluwal au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris, Ariane Ascaride débute dans les pièces de son frère Pierre Ascaride et joue dans des petits rôles au cinéma. Son époux Robert Guédiguian fait appel à elle dans tous ses films, et la consécration arrive avec son interprétation dans Marius et Jeannette pour lequel elle obtient!un César de la Meilleure actrice en 1998 ainsi que le San Jordi à Barcelone. Elle a également tourné avec Dominique Cabrera, Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Éléonore Faucher, Emmanuel Mouret et Mona Achache. Elle a été nominée trois fois aux Césars pour son interprétation dans Marie Jo et ses deux amours, Brodeuses et Les Neiges du Kilimandjaro. À la télévision, elle a tourné avec notamment Caroline Huppert, Jean-Daniel Verhaege, Pascale Bailly, Amos Gitaï et Olivier Peray. En 2006, elle a co-écrit avec Marie Desplechin le scénario de!Le Voyage en Arménie réalisé par Robert Guédiguian pour lequel elle a obtenu le Prix d’interprétation au Festival de Rome en 2007. Au théâtre, elle a travaillé, entre autres, avec les metteurs en scène Véronique Olmi, Serge Valletti, Didier Long, Michel Cerda et Danièle Thompson. Elle a triomphé dans La Maman bohême et Médée de Dario Fo mis en scène par Didier Bezace. En 2005, elle a mis en scène Inutile de tuer son père, le monde s’en charge de et avec Pierre Ascaride.! En juillet 2010, au Festival d’Avignon dans le cadre des commandes de la Sacd et du Festival d’Avignon pour les «Sujets à vif», elle a fait appel à Marie Desplechin et Thierry Thieû Niang pour créer Proposition d’un jour d’été. Elle joue actuellement au théâtre dans une mise en scène de Simon Abkarian « Le dernier jour du jeûne »

THIERRY THIEU NIANG Le travail de Thierry Thieû Niang, danseur et chorégraphe se développe à partir d’une recherche sur le mouvement dansé autour d’une écriture instantanée, explorant les rapports entre individu et groupe, amateur et professionnel, récit et abstraction ou encore processus et création. Il aborde les arts de la scène comme lieu d’exploration des formes du vivre ensemble ; des lieux de l’en commun, des apprentissages et des transmissions, des rencontres inédites, renouvelées et constituantes. Thierry Thieû Niang dessine et prolonge une poétique de l’en commun auprès d’artistes invités – Marie Desplechin, Maylis de Kerangal, Pierre Guyotat, Alberto Manguel, Patrick Autréaux, Ariane Ascaride, Marie Bunel, Howard Moody, Éric Lamoureux –


mais aussi auprès de chanteurs lyriques ou de comédiens, d’enfants et de seniors, de personnes autistes ou détenues.

MARIE DESPLECHIN Marie Desplechin, née à Roubaix en 1959, a fait des études de Lettres et de journalisme. Elle a écrit une trentaine de livres pour la jeunesse, principalement édités à l’École des Loisirs et une dizaine d’ouvrages pour adultes dont un recueil de nouvelles,Trop sensibles et deux romans, Sans moi et Dragons, publiés aux éditions de l’Olivier, chez Actes Sud, au Seuil...Il lui arrive de participer à l’écriture de scénarios, par exemple avec Ariane Ascaride et Robert Guédiguian pour Le Voyage en Arménie. Elle a écrit quelques pièces courtes, essentiellement des fictions pour France Culture. La Comédie de Valence lui a commandé une pièce courte pour Une chambre en ville, opus 1, créé en 2011 (ce spectacle a fait l’objet d’une commande d’écriture à six auteurs). Journaliste à l’occasion pour des magazines, elle travaille également auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes amateurs. Elle a eu l’occasion de travailler avec Thierry Thieû Niang et un groupe d’adolescents autistes pour le spectacle Au Bois dormant.


Revue de Presse Blog Armelle Héliot Par Armelle Héliot Il y a deux étés, à Avignon, elle avait participé au cycle de la SACD « Le sujet à vif ». Une demie-heure personnelle. Marie Desplechin était là, déjà. Thierry Thieû Niang aussi. Tous les trois ont repris ce moment délicat nourri des souvenirs de la belle Marseillaise. A voir à la Maison des Métallos le spectacle s’intitule Touchée par les fées. De plein jour à nuit. Du Jardin de la Vierge au Lycée Saint-Joseph d’Avignon, à 11h du matin, à la nuit d’un théâtre. Deux ans ont passé, deux ans et plus. Les trois artisans de ce bijou délicat et profond ont repris le travail. Étoffé le propos, mis en abyme la parole. Dans sa combinaison orange digne d’un pont de porte-avions ou d’une station service, elle surgit. Cheveux très longs et lisses, visage dégagé, regard profond, intelligent et tendre. Elle est crâne. Elle s’adresse au public. De sa jolie voix. Beau timbre, phrasé parfait. Elle raconte Avignon justement. C’est Marie Desplechin qui a écrit pour elle. Par elle. Car ce sont les souvenirs d’Ariane Ascaride qui sont la matière profonde du texte. Papa était coiffeur. Les grands-parents, Napolitains, s’étaient exilés aux États-Unis. Mais après un an à New York, ils ont préféré revenir vers le vieux continent et se sont arrêtés à Marseille. Autrement, dit Ariane, « je serais Meryl Streep ! ». Papa était coiffeur, coquet et surtout comédien amateur. Il montait des spectacles avec ses amis de la Résistance. Une troupe fraternelle. Très tôt son fils et sa fille furent embarqués dans l’aventure. On ne va pas tout raconter. Ariane a toujours rêver de voler, mais elle a le vertige. On ne va pas tout vous raconter, mais elle cache sa nature d’elfe et ne la dévoile qu’à la fin. Une fée. Wendy ou la Fée Clochette. L’Ariel de Shakespeare. Les créatures ailées de Fairy Queen. On entend un peu de Purcell. Mais on entend aussi les Chœurs de l’Armée Rouge car papa était communiste. On voit des photographies. On voit la jeune Ariane tout près de Rudolf Noureev. On devine, à la fin, mais c’est loin, des images des spectacles. Elle figure sans doute auprès de son père sur ces photographies. Mais on ne distingue rien vraiment. Peu importe. Ariane Ascaride parle aussi de sa mère. Une femme qui supporta des années de silence, des années sans une parole échangée avec son mari... Une femme qui perdait un peu la tête, une femme qui avait beaucoup d’imagination. Marie Desplechin a transcrit les confidences d’Ariane Ascaride avec beaucoup de tact et de puissance mêlées. Irrésistible et déchirant. Ce qui est très beau, ici, c’est que tout est très finement réglé. Le travail de Marie Desplechin est subtil et précis, comme celui de Thierry Thieû Niang qui a développé les moments de danse et ici, avec les lumières artificielles d’un théâtre, le moment où, sortie de sa chrysalide orange, la petite reine des fées surgit, verte et dorée. Costumes de Merima Trailovic.


Ce moment de danse, dans des lumières qui sont comme de fins pinceaux, des rayons de lune et de soleil mêlés, est superbe comme est superbe le sentiment que distille Ariane Ascaride : elle a cinq ans, elle a huit ans, elle a quinze ans et c’est aussi la femme d’aujourd’hui, cette comédienne qui au théâtre comme au cinéma est d’une présence éblouissante et tendre. Une grande qui porte son enfance unique comme les ailes transparente d’une jolie Mademoiselle Elfe. Ajoutons l’essentiel : une heure et l’on a un objet théâtral parfait, original, plein ! On pourrait se passer d’autres spectacles pendant huit jours...

Un Fauteuil pour l’Orchestre Par Djalila Dechache Touchée par la grâce, la chance, la baraka comme on voudra, pourrait-on ajouter en évoquant Ariane Ascaride. Les seul(e)s en scène au théâtre sont légion et tous ne se valent pas. On aurait pu se dire « encore un » et puis on est vite conquis, surtout au début, de voir arriver quasiment en catimini par où on ne l’attend pas, une femme vêtue d’une combinaison rouge style garagiste. Et c’est Ariane Ascaride. Ariane tout simplement. Elle narre le pourquoi de ce travail d’une manière si juste et si drôle, en ce jour de 2010 où le Festival d’Avignon lui passe commande d’une petite forme pour qu’elle puisse se raconter, raconter comment sa vie s’est transformée en théâtre. Comme elle ne sait pas faire ce genre d’exercice artistique, elle dit qu’elle veut voler, voler dans les airs s’entend et comme les fées, et que les rôles qu’elle a joués dans sa vie le lui permettent maintenant, après coup, depuis Médée montée par Dario Fo jusqu’à Mère courage de Brecht. C’est qu’elle est passée au cinéma avec des rôles magnifiques, le théâtre resté en veilleuse ces derniers temps, même si elle a joué en 2007 au Théâtre de la commune d’Aubervilliers, « La maman bohème et Médée » de D. Fo et F. Rame. « Je suis la fille de Peter Pan...je me transforme en page ... » L’enfance, la famille d’italiens émigrés en France passe au filtre de ses souvenirs vivaces, elle n’oublie rien Ariane, tout est là, ses 6 ans ses 8 ans, plus tard sa rencontre avec Noureev, comment elle change Noël à partir de sa seule volonté, son père coiffeur, bel homme à la gourmandise féminine assumée et amateur de théâtre et d’empires, sa mère délirante à la fin de sa vie, ses frères...... une relation familiale et théâtrale forte et qui dure. Une relation à son père qui lui fait prendre « le statut » de la fille de Peter Pan, qui la conduira à Antoine Vitez notamment. Ce qui est intéressant dans cette démarche c’est la narration multiple imbriquée : celle de la commande institutionnelle avec les questions et réponses, c’est si drôle, celle des souvenirs, avec le père très présent et la mère plus effacée fermant les yeux sur les frasques de son mari, celle plus poétique aux envolées lyriques dites d’un seul jet presque sans respirer. Parfois, Ariane Ascaride ne veut plus être drôle, alors elle montre l’autre côté des choses, et elle dit que ses parents se détestaient par exemple. Les enfants savent-ils vraiment tout de leurs parents ? Et même en allant plus loin, on dirait que le texte n’est pas écrit, il est si près d’Ariane, il est Ariane. Elle a une belle présence, simple et forte, simple et subtile, simple et grave. Saluons le beau travail d’écriture de Marie Desplechin, à la plume


si délicate et toute en nuances, qui s’aventure depuis son expérience d’écriture avec la ville de Bobigny, sur ses routes iconoclastes. Pour notre plus grande joie. Si après ce monologue peuplé de voix et de présences, Ariane Ascaride réussit à jouer Puck l’esprit espiègle dans « Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare, rôle qui la fait rêver depuis toujours, on pourra redoubler la croyance aux fées et aux anges qui accompagnent chacun de nous.

Toutelaculture.com Sur la scène de la Maison des Métallos, comme à Avignon deux ans auparavant, Ariane Ascaride aimante son public. Sur un ton de causerie, avec des mots simples et justes, elle touche à l’essence de l’art complexe et fuyant de l’acteur. Touchée par les fées est un petit bijou de scène qui donne littéralement des ailes. La pièce a été créée en 2010, suite à une invitation lancée par le festival d’Avignon dans le cadre de la programmation Sujets à vif proposée par la SACD. L’écrivain Marie Desplechin a rejoint Ariane Ascaride pour l’écriture du texte et Thierry Thieû Niang en a assuré la mise en espace. Son défi n’était pas des moindres, étant donné le désir de voler qui est à la base de cette création. Pour la Maison des Métallos, la pièce est passée par un léger processus de réécriture. Nécessairement, l’envie de raconter est toujours là et le désir de voler est resté le même ! Il vient de loin et semble irriguer de manière souterraine tout le parcours de l’actrice et auteur. Ariane Ascaride le tient de son père, d’origine napolitaine, qui lui a insufflé l’amour du théâtre. Sous sa direction, elle monte très tôt sur les planches, pour jouer du Shakespeare. Médée, Bérénice ou encore Antigone, sont autant de rôles qu’elle va tenir au long de sa carrière, ponctuée également par les cours d’Antoine Vitez au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Puck, l’esprit espiègle du Songe d’une nuit d’été, refait subitement surface. Sur la scène de la Maison des Métallos, c’est habillée d’un bleu de travail rouge que la comédienne nous accueille. Certains penseront à la Madone des ouvriers et ses personnages iconiques dans le cinéma de Robert Guédiguian, à Marius dans les décombres d’une usine en démolition et leur histoire d’amour, dans le film qui lui a valu le César de la meilleure actrice en 1998. D’autres y verront surtout un hommage au travail incessant que le métier de comédien demande, en deçà de l’imagerie glamour et des paillettes, travail sur soi et offert aux autres. Le public est d’ailleurs complètement sous l’emprise. Ariane Ascaride installe une belle écoute dans la salle, elle nous transporte au fil de son histoire, nous amène tout en douceur, avec humour, sans grandiloquence aucune, à entrevoir le secret de ces êtres d’entre les mondes que sont les acteurs – messagers, anges d’un nouveau genre. Pouk n’est pas loin, le récit prend des ailles, une énergie terrible s’y déploie par moments. Thierry Thieu Niang imagine une partition corporelle d’une grande justesse, qui dévoile Ariane Ascaride par touches, tantôt retenues, tantôt jubilatoires et éclatantes d’une force communicative, cet ange incalculable, les plumes ébouriffées par le Mistral. Touchée par les fées tisse subrepticement des passerelles entre la vie et le théâtre, transmet cet irrépressible désir d’envol, aménage des véritables moments de grâce.


Evene.fr Par Pauline Le Gall « Si mes grands-parents étaient restés en Amérique, on m'appellerait Meryl Streep... » Dit avec l'accent du sud d'Ariane Ascaride, et son air d'éternel enfant triste, la répartie est savoureuse. L'actrice sait qu'elle évoque plus le port de Marseille que la Cinquième Avenue, et elle en joue. Née en 2010 d'une commande de la SACD pour le festival d'Avignon, "Touchée par les fées" est un seul en scène mené par la comédienne avec une bonne dose d'espièglerie. Elle commence par s'exclamer : « c'est toujours aux mêmes qu'on demande de jouer à la maison des Métallos, à Montreuil, à Belleville. Pourquoi pas les Champs-Élysées ?» Puis, elle explique la genèse de la pièce, imitant le ton huppé des responsables du Festival d'Avignon. « Il y a bien un personnage que vous auriez aimé joué, Ariane Ascaride ! » De cette question, la comédienne, aidée par la plume de Marie Desplechin, déroule un spectacle d'une sincérité rare. Elle y raconte surtout ses parents, leur relation compliquée, leur mariage. Cette habitude qu'avait son père de lui faire jouer des pièces du répertoire le dimanche à Marseille et comment elle, qui ne savait pas qui elle était, est devenue actrice. Elle y est extrêmement drôle et tendre, quand elle explique, un peu mélancolique, ses envies d'ailleurs, son rêve d'apprendre à voler comme Peter Pan. Et, après avoir mis le public dans la poche de son bleu de travail, modeste habit de scène, elle l'ouvre enfin pour dévoiler le costume de Puck, personnage du "Songe d'une nuit d'été" qu'elle aurait aimé jouer par-dessus tout. Et dans un dernier tourbillon, entourée par les photos de ses parents, aidée par des images du danseur Rudolf Noureev et envahie par la musique de Purcell, elle danse, dans un final éblouissant. Qui montre, qu'à sa manière, en jouant mille rôles, elle a appris à voler.

Théâtre du blog Par Edith Rappoport Ariane Ascaride avait répondu à une commande de la SACD pour le Festival d’Avignon 2010 pour Les Sujets à vif dans la petite cour du lycée Saint-Joseph. Puis, à la demande de Philippe Mourrat et de Christine Chalas qui avaient vu cette première ébauche, elle a remis le fer à l’ouvrage avec Marie Desplechin et Thierry Thieu Niang pour élaborer un spectacle plus long. Elle entre en scène en combinaison rouge, ses longs cheveux flottant sur ses épaules, et s’étonne de l’incongruité de la commande: « Quel rôle avez-vous rêvé d’interpréter ? ».Elle fait le tour de ses rêves impossibles comme jouer La Dame aux camélias... et tant d’autres ;.. Ariane Ascaride revient aussi à son enfance à Marseille, entre une mère muette devant un mari infidèle, représentant chez L’Oréal et par ailleurs, père passionné de théâtre amateur qui envoyait ses enfants sur scène. Des rôles, elle en a joué depuis sa tendre enfance, avant d’entrer puis de sortir du Conservatoire National, d’épouser Robert Guédiguian et de tourner avec lui. Elle est naïve, tendre et drôle, avec parfois un brin d’accent marseillais qui lui revient, dans ce savoureux solo, qu’il n’était sans doute pas nécessaire de rallonger... Mais Ariane Ascaride donne ici un récit plus savoureux de son enfance que son frère Pierre, dans Inutile de tuer son père, le monde s’en charge, qu’elle avait mis en scène, il y a une dizaine d’années.


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