Artcotedazur N°15

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MONACO

E n V ille

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© H Lagarde

dévoiler cette fois les toiles abstraites de Pierre Grimm. Mission accomplie pour le couple collectionneur ? « Une majorité de russes viennent à la galerie et à nos expositions, ravis de pouvoir redécouvrir les œuvres de ces artistes que les plus âgés ont parfois connus personnellement ».

respectueux des proportions ou encore Véra Rockline. « Tous ces artistes invités sur la Côte d’Azur font sens, car après Paris, poursuit Tatiana, la Riviera fut l’autre refuge de ces russes. On trouve des pièces du Château de Valrose au Musée Chéret qui abrite la plus grande collection de tableaux de Marie Vassilieff. Riabouchinski a même ouvert en 1926 une galerie à Monaco ». C’est à ce grand mécène russe que l’on doit en 1908 l’exposition de « la Toison d’or » à Moscou qui confrontait déjà l’élite des peintres russes et français. « Nous avons d’ailleurs participé à une rétrospective de cette exposition à l’occasion de son centenaire » souligne Tatiana. Car en exhumant ce pan de l’histoire de l’art, la collection Khatsenkov est devenue une référence. Georgy en faisant la lumière sur ces peintres russes participa à faire grimper leur cote : « il y a quinze ans ces toiles étaient accessibles, certaines peuvent aujourd’hui dépasser le million d’euros ». Ainsi parmi les bonnes pioches de ce passionné : Serge Ivanoff dont les œuvres influencèrent les hyperréalistes, Yvan (Jean) Peské qui fut le meilleur ami de Renoir et d’Apollinaire. Il était originaire de Kiev où Tatiana et Georgy préparent une exposition au Musée National russe. Car la collection, dont une partie est visible à la Galerie MC Fine arts, a la bougeotte. « Elle devrait être montrée encore à Cannes en 2011 pour un chassé-croisé entre peinture et théâtre ». En fin d’année elle regagnera son « berceau d’adoption » parisien pour

Frédéric Ballester met à nu la collection « Je connaissais le travail de Jean Digne à la direction du Musée Montparnasse. Mais quand j’ai découvert cet accrochage puis la richesse de la collection Khatsenkov - en deux jours Georgy a dû me montrer quelques 1 500 pièces - j’ai dû faire un choix qui s’est orienté rapidement vers les nus. D’abord parce qu’ils étaient peu présents dans l’exposition parisienne. Ensuite parce que cet exercice périlleux pour l’époque témoigne de la part de cette génération de créateurs d’une incroyable liberté, non seulement à l’égard de la morale et de la religion, bon nombre étant d’origine juive, mais aussi des codes de la peinture. Aussi j’ai choisi parmi toutes ces œuvres d’avant-garde 60 nus qui entraient particulièrement en résonance avec l’art contemporain comme ceux de Marie Vassilieff, Sonia Delaunay ou Serge Ivanoff dont les baigneuses aussi épanouies qu’indifférentes aux regards renvoient à la naissance d’un naturisme hygiéniste dans les années 20. L’exposition a connu un tel succès que nous l’avons prolongée en insistant sur la médiation. C’était indispensable pour prendre la mesure de cette collection qui vient combler la méconnaissance que nous avions de cette diaspora artistique. Georgy se bat pour réhabiliter ces chef-d’œuvres oblitérés par la période révolutionnaire, un patrimoine qui a même échappé aux russes. Les toiles s’étant éparpillées en Europe mais aussi Outre-Atlantique. Aujourd’hui il a réussi à constituer une collection unique qui, avec celle des Ballets Russes, offre un second souffle à la peinture russe ainsi qu’un éclairage nouveau sur l’Art moderne et même contemporain ». OM


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