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m a i /j u i n

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2012

L’œ u v r e est ouverte

Chaos & Convergences Avec « Les Maîtres du désordre » e t J e a n d e Lo i sy, J a c q u e s V i ll é g l é , D a n M i ll e r , Tony Orrico…



e, l e s. n, l’œi arl ag ue io p nt re te e p riq te uv n i. s d rub At r, o tio ss in c au co s les eu a ct éd te es le la r tis ns l dan r r i a ’ da tre rs l ns e n ca tio ux ica ie nd m si tà Le ron e id t’a

numéro quatre Chaos & Convergences maijuin 2012 Directrice de la publication Anna Serwanska Rédacteur en chef Thomas Lapointe Secrétaires de rédaction  Catherine Minot, Geoffroy Caillet

Électron libre invité  Bayrol Jimenez Les dessins de ce jeune artiste mexicain viennent « cadrer » la revue en entrée et sortie de ce numéro. Direction artistique et maquette Yashu Le texte est composé en National (Klim Type Foundry) pour le texte courant et en Adso pour les titres (B.A.T Bureau des Affaires Typographiques) Impression Imprimerie de Champagne Papier Cyclus 90 grammes (100 % recyclé) ENTRE L’œuvre est ouverte 7-11 rue des Caillots 93100 Montreuil 06 06 63 63 33 contact@revue-entre.fr www.revue-entre.fr ENTRE – L’œuvre est ouverte Société éditrice Siège social : 62, rue Pouchet 75017 Paris N° ISSN : 2118-450X Couverture : Masque de China Supay, musée du Quai Branly. Photo : Sandrine Expilly

E NTR E t i e n 6 Une personnalité se dévoile. Jacques Villeglé, les livres et les signes. E NTR E v o i r 10 Un cadrage au tiers nous fait voir les choses autrement. Emmanuelle Lainé. E NTR E m ê l e r 16 Une création contemporaine rencontre une œuvre classique. Les Maîtres du désordre au Quai Branly. E NTR a i l l e s 24 Une photo passée au crible. Lisa Lindvay. E NTR a c t e 25 Autour d’une citation choisie, carte blanche à un illustrateur. Jean Dubuffet / Yashu. E NTR E l a c e m e n t s 2 6 La bande-film accompagnée d’une originale bande-son. La Maison démontable de Buster Keaton. E NTR E - t e m p s 30 Le temps pour la création de s’installer. Les Forces du désordre font la fête dans le métro. E NTR E c ô t e s Nos pages agenda

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E NTR E m E t S 35 Une page à découper, c’est cadeau. Guy Fawkes. E NTR E l a r d e r 36 Jeux culinaires. Avec Lucie Girard, Bruno Thoué, Monsieur Walter, Stéphane Zénou. E NTR E m e t t e u s e s 3 8 L’auto-promo des artistes ayant participé à ce numéro. O ù n o u s t r o u v e r 3 9 La liste des points de diffusion.

Confusion. Les éléments épars ou amassés semblent ne figurer ni sens ni logique organisatrice en apparence. Le néant originel est un monstre bordel. Pourtant, cette matière grouillante se révèle ultraféconde lorsque les substances tendent à se rejoindre, les particules s’associent pour mieux s’articuler. Shiva danse, et en même temps qu’il détruit le monde le crée. Pour Ilya Prigogine, dans Les Lois du chaos : « C’est finalement du chaos qu’émergent à la fois l’ordre et le désordre. » Donc rebelote. Anna Serwanska

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Ilustration Maldito, Resisting the Present, mussé d’Art moderne de la Ville de Paris (mars-julliet 2012). (Détail)

Rédaction Fitzgerald Berthon, Bastien Cheval, Camille de Forges, Thomas Lapointe, Priscille de Lassus, Aurélie Laurent, Catherine Minot, Anna Ska, Jack Tone, Céline Torrent

E NTR E - d e u x 4 Entre une image et une autre, une histoire se crée. Tony Orrico / Dan Miller.

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périodique gratuit


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Intérieur / Extérieur 1+1 = autre chose

Michael Hart – Courtesy Tony Orrico et Shoshana Wayne Gallery.

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Tony Orrico & Dan Miller Te x t e J a c k T o n e

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Tony Orrico, Penwald : 2 : 8 circles : 8 gestures (LP’11, CCCB, Barcelone), 2011.

JT À la recherche de la surface Nous atteignons le point cardinal inconnu vers l’ailleurs Au corps à corps avec les lignes / En pensant à ce que chacun peut penser lorsque l’on nous observe Face à la place que nous occupons / En répétant les mouvements nous atteignons la surface En nageant patiemment dans les courbes / En brassant l’intérieur de nos propres intérieurs Nous traitons avec la gravité du début à la fin Les dimensions droit devant / Si proches d’abord, si lointaines ensuite Nous sommes les guides inavoués nommés pour l’action de vos sens À la recherche de la surface Recourant à la répétition venue des profondeurs Au corps à corps avec les lignes nous signons chaque danse que nous pratiquons Ici nous sommes sur vos murs Mais nous venons de larges et blanches étendues Et nous en serons À jamais

e ag e . im tr e au un e d’ un à


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Courtesy Galerie Christian Berst

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Cherryl Dunn, Sans titre (Dan Miller au travail),

TONY ORRICO

Dan Miller

(vibration)

Dan Miller et galerie Christian Berst, 2012

Je chante : insseeeaarrcchoffthu weeeeeeddaalwiittttthhhgggrrvyfoombiinnnn Bbutweeeecoommffrrolllaagnkids

À la vue de la confrontation visuelle que nous lui avons présentée, Dan Miller a répondu par un dessin.

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« guide inavoué » / ligne / faire d’un jeu une doctrine Déclaration d’espace / L’idée est immortelle


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« Intellectuellement, la marginalité est quelque chose de bien pour réfléchir » chemins de traverse

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Jacques Villeglé à son alphabet socio-politique. Photo Odile Felgine, Paris, 2003.

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entretien avec Jacques Villeglé Propos recueillis par Priscille de Lassus & Anna Ska

« Lacérateur anonyme », Jacques Villeglé a constitué un monde composite fait de fragments d’affiches, de collectes typographiques et d’alphabets personnels. Un grand monsieur modeste qui évoque avec une verve mêlée de retenue son rapport au livre et au signe définitivement en prise avec le temps. Des propos à décoder comme un carré magique. un e é it al n e. on il r s vo pe dé se


PDL & AS Et la poésie ? JV Je l’ai connue avec la collection Poètes d’aujourd’hui aux éditions Pierre Seghers. Je suis rentré dedans avec Paul éluard, Aragon, André Breton et puis un poète que j’aime beaucoup, c’est Tristan Corbière. Il a un côté satirique qui me convient bien. Parmi les poètes, il y a aussi Lautréamont qui est important pour moi. C’est lui qui a pratiqué le collage littéraire. Vous voyez les collages de Max Ernst sont presque une illustration des textes de Lautréamont.

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PDL & AS Quel a été votre premier livre ? Jacques Villeglé Le premier livre qui m’a estomaqué du point de vue de la présentation c’est la Fin du monde filmée par l’ange N.D. de Blaise Cendrars avec des illustrations au pochoir de Fernand Léger. C’est un livre que j’ai acheté à la librairie de la faculté au prix de vente de 1919 ! Je suis arrivé en tremblant à la caisse en me demandant combien on allait me faire payer. Le marchand n’a pas prêté attention. C’était un prix dérisoire, ça représentait le prix d’un repas d’étudiant d’alors. Il y avait des images au pochoir et de grands caractères typographiques comme sur les affiches de foire avec les couleurs primaires : bleu, rouge, jaune. Ça m’a emballé. Aujourd’hui, ce livre doit valoir 5 ou 6 000 euros minimum. Ce choix montrait bien mon goût pour le cubisme.

PDL & AS Pourquoi ? JV C’est le geste. C’est une pièce déséquilibrée qui n’a pas de commencement et pas de fin. Il y a quelque chose d’absurde. C’est changer les habitudes. J’étais dans une ville de Bretagne très bourgeoise et pendant l’Occupation beaucoup de lycées ont été fermés et des lycéens furent même fusillés. On avait une éducation lénifiante et ça m’exaspérait. Aujourd’hui, on vit dans une époque contraire. À cette époque, la violence ne se passait que dans la guerre. Il y avait bien des querelles entre écoles laïques et religieuses, mais c’était comme jouer aux gendarmes et aux voleurs. Ça donnait de l’émotion pendant quelques instants, mais ça se finissait très bien. La violence était dans le monde des militaires. PDL & AS Vous le collecteur de mots, nourrissez-vous une fascination pour les dictionnaires et les encyclopédies ? JV Dans mon collège, on n’avait pas le droit de consulter le dictionnaire sans demander l’autorisation. Mais le premier livre qui m’a montré que mon éducation était totalement en dehors du monde c’était La Peinture contemporaine depuis 1906 qui est paru en 1927. Cela me ramenait dix-sept ans en arrière et cela me paraissait une éternité ! On n’avait pas d’information. Plus tard, j’ai pu faire connaissance avec les peintres contemporains. À l’époque, on ne connaissait de Picasso que le nom. PDL & AS Vous fréquentiez surtout les poètes ? JV Je n’ai jamais connu Aragon et éluard, mais j’ai rencontré Breton en venant à l’exposition surréaliste à la galerie Maeght de Paris, je lui ai même rendu visite, chez lui, en 1954. Par la suite, j’ai fréquenté les lettristes et François Dufrêne. Breton était très accueillant et parlait de l’histoire de la peinture. On le voyait, par exemple, dans la cave de la galerie René Drouin, place Vendôme.

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PDL & AS Votre œuvre intègre des références très variées. Estce que vos lectures sont ainsi, très ouvertes ? JV Je ne sais pas si je suis ouvert. Ce qui est sûr, c’est que je suis beaucoup plus attiré par les essais que par les romans. J’ai grandi dans une ville qui était très résistante. Comme par hasard, la bibliothèque de la municipalité était dirigée par un pétainiste, donc il se conformait à toutes les censures. Je n’avais aucune information sur la peinture d’avant 1895. Je lisais surtout des essais. Celui qui m’a le plus intéressé au départ, c’est Octave Mirbeau. On sait qu’il a connu des péripéties au collège jésuite de Vannes, mais à cette époque-là je n’en entendais pas parler.

PDL & AS Jarry a joué un grand rôle dans votre parcours… JV Oui, Jarry a eu énormément d’importance pour moi. On parlait de censure quand on parlait de Jarry. Et être censuré pendant l’Occupation, c’était un honneur. Il y a surtout Ubu, cette pièce écrite par des collégiens et des lycéens de Rennes que Jarry a fait jouer à Paris, au théâtre, par des acteurs et un metteur en scène de grande notoriété. Ça me soufflait ! Par la suite, on a dit que notre époque sortait du ready-made et de Marcel Duchamp. Mais, en réalité, on a plein d’ancêtres. Pour moi, Ubu est un ready-made littéraire et fait partie de ces ancêtres.

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Couverture du livre La Fin du monde filmée par l’ange N.D. de Blaise Cendrars (Paris, Ed. La Sirène, 1919). Illustration au pochoir de Fernand Léger.

«Ubu est un readymade littéraire.»


« Aujourd’hui, nous avons un bombardement d’informations. Quand j’étais jeune, il fallait aller chercher l’information. » PDL & AS Il est toujours difficile de créer du nouveau… JV Le monde change beaucoup. Aujourd’hui, je suis dans une époque exactement contraire à celle de ma jeunesse. Nous avons un bombardement d’informations. Quand j’étais jeune, il fallait aller chercher l’information. Je me souviens des journaux qui mentionnaient, pendant l’Occupation : « Il est faux que cet événement ait eu lieu », pour détourner la censure tout en faisant passer le message.

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cercle méditerranéen surchargé de la croix celtique… Donc j’ai vu ça sur un mur. Comme pour les lacérations, c’était une inscription anonyme. Je me suis dit que je pouvais créer un alphabet socio-politique. Il y avait des alphabets diabolique, érotique, secret, patriotique, de toutes les sortes ! J’ai réfléchi aux signes et à la façon dont les lettres pouvaient être caviardées par des signes qui les transformaient. Je m’y suis mis dans les années 1980 après dix ans de réflexion pour arriver à quelque chose de bien. Mais tout de suite, en 1969, j’ai réalisé un graphisme à toute allure pour prendre date. C’est très important dans l’art de prendre date.

L’Alphabet de la guérilla, octobre 1983 (126 x 166 cm), musée des Beaux-Arts, Nantes. Peinture à la bombe sur toile synthétique.

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PDL & AS Mais vous ne voyiez pas les peintres ? JV Avec Raymond Hains, nous n’avons commencé à fréquenter les peintres de notre génération qu’en 1959, lors de la première Biennale de Paris. Cela a été très important pour moi. C’était déjà bien de présenter nos œuvres, nous nous sommes retrouvés au milieu de trois cents peintres de trente-sept pays ! Ça a été la révolte contre nous et ça a été un grand succès. Exactement ce qu’il fallait. À notre arrivée à Paris, nous avons commencé à fréquenter des peintres qui avaient vingt ans de plus que nous. Auparavant, on considérait qu’on n’avait rien à faire avec les peintres de notre génération. Prendre des affiches et les présenter, c’était nier la peinture, c’était la fin de l’art. Je ne crois pas, pourtant, à la fin de l’art. C’est une histoire de mode. Je crois seulement qu’il y a des changements. Un artiste doit faire ce qui n’a jamais été fait auparavant. C’est pour ça que je n’allais pas me mettre à la peinture. J’ai choisi les affiches lacérées et la typographie comme thème marquant.

PDL & AS Avez-vous un intérêt particulier pour la gravure ? JV À l’époque où je faisais des affiches lacérées, j’ai fait très peu d’estampes. Jamais sur du zinc, des sérigraphies et cinq ou six lithographies. J’ai fait de la gravure, mais je ne l’ai pas recherché. Il ne faut jamais dire un non brutal aux gens, sinon on passe pour un asocial. On vit dans une société et il faut savoir être souple ! PDL & AS Votre grande œuvre reste l’alphabet socio-politique… JV À partir de 1969, j’ai changé de rythme et j’ai vu que je pouvais créer un alphabet socio-politique. C’est venu, en février, quand le président Nixon était à Paris pour rendre visite au général de Gaulle. La police effaçait tous les « Nixon at home » dans les rues. Et dans le métro j’ai vu un Nixon dont le « N » écrit avec trois flèches de l’ancien parti socialiste, le « I » était la croix de Lorraine, le « X » la croix gammée, le « O » le

PDL & AS Vous voulez toujours aller à contre-courant ? JV C’était une attitude après la guerre. La bourgeoisie et les dirigeants ne se préoccupaient pas d’art. À la rigueur, cela peut se comprendre quand on est militaire, mais quand on est politique, c’est différent. Après la guerre, on a encensé Picasso, Braque, Matisse. Ça nous intimidait. Ils étaient devenus intouchables. Le Parti communiste avait une grande importance du point de vue culturel. Marcel Duchamp a été intimidé par l’œuvre de Brancusi qu’on ne peut dépasser. Comment faire de plus belles couleurs que Matisse ? Comment avoir l’imagination d’un Picasso ? Donc je me suis mis aux affiches lacérées, je n’étais plus sur le même plan qu’eux. Je me disais que j’étais un artiste qui prenait en considération la phrase d’André Breton selon laquelle un artiste doit vivre à l’ombre de son œuvre. Il fallait aller jusqu’au bout. Je pouvais parler des affiches comme si ce n’était pas moi l’auteur. C’est une liberté énorme ! Quand vous devenez un personnage, vous êtes embêté au possible. Si on prend une attitude modeste, on n’est pas prisonnier de son image. PDL & AS Comment utilisez-vous vos citations ? JV Avec l’alphabet socio-politique, je me suis remis à dessiner. J’ai cherché à utiliser des symboles divers, politiques, religieux, financiers, j’ai détourné un texte de Jankélévitch qui s’intitule Le Pur et l’Impur. On peut se dire que l’écriture latine


Jacques Villeglé nous reçoit dans son bureau parisien.

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Carrés magiques arbre généalogique, 24 octobre 2009 (34,4 x 31 cm). Encre de Chine sur papier.

PDL & AS Y a-t-il d’autres alphabets que l’alphabet latin qui vous intéresse ? JV Des écritures inventées, ça a toujours existé. En 2003, j’ai fait un dessin sur l’arbre et j’ai esquissé une généalogie des carrés magiques. Le premier a été inventé il y en a des milliers d’années en Chine. Pour l’alphabet latin, il y a un à Pompéi

«Quand vous devenez un personnage, vous êtes embêté au possible. Si on prend une attitude modeste, on n’est pas prisonnier de son image.»

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c’est le pur et le graffiti, l’euro, le yen ou le dollar, c’est l’impur. Je détourne les textes et je peux amener des figurines qui rappellent les caviardages : des sirènes, des dragons. Je manie tout ce qui est imbriqué dans notre pensée humaine.

Un livre par décennie…

PDL & AS L’ordinateur est-il un outil qui vous bloque ou bien ouvre-t-il de nouveaux champs de création ? JV L’ordinateur est très important. Autrefois, il fallait dixhuit mois pour créer un caractère typographique et on avait besoin du soutien d’une grande maison. On devait sortir de l’école Estienne. Maintenant, chacun peut créer le sien. J’ai travaillé dans des ateliers d’architecture parce que je savais que ce que j’avais envie de faire ne me permettrait pas de gagner ma vie. Finalement, je n’ai été exposé que très tard. Ça permet de réfléchir et ça donne un véritable tempérament. Bernard Buffet n’a pas eu ce passage, cela lui a manqué. Intellectuellement, la marginalité est quelque chose de bien pour réfléchir.

Le t i t r e q u i a m a r q u é Vos 20 ans Le Spleen de Paris de Baudelaire Vos 30 ans Dissociations de Rémy de Gourmont Vos 40 ans à la recherche du temps perdu de Marcel Proust Vos 50 ans Modestes contributions de Régis Debray Vos 60 ans L’Acte pour l’art d’Arnaud Labelle-Rojoux Vos 70 ans Expertise de la fausse parole d’Armand Robin Vos 80 ans Des romans de Joseph Conrad Et récemment John Cage de Richard Kostelanetz

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et puis il y a le carré de Dürer chiffré. À notre époque, il y a Georges Perec qui a fait un carré avec des « O » dans la diagonale. C’est un mélange de sens et de non-sens. Les surréalistes ont découvert l’écriture automatique, moi c’est en réfléchissant mathématiquement que je peux créer quelque chose.


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Beijing Sans adresse, je joue au jianzi ou plumfoot comme disent les autres, je suis nulle. Ils rient. Au parc j’arrache les têtes de fleurs roses et les éventre. J’amasse les étamines en une carcasse de crabe. Il y avait un trou dans le sac de jute, la terre fertile, nourricière, s’est répandue. J’ai glissé. La faute à ces planches en aggloméré qui viennent fermer l’angle et appeler mon œil, je ne les supporte plus.

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P h o t o g r a p h i e s E MMANU E LL E LAIN E Te x t e A n n a SK a

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Itinéraire

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Tombouctou La ville vient de tomber. Forcément les combats ont laissé giclées en surface mais le bleu des Touaregs s’est dilué. J’ai quand même réussi à arracher une page du vieux manuscrit. Un calcul astronomique, il orientera ma destinée floue. J’ai mangé le foutou igname et le reste de racine, je l’ai recraché.

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Arctique Je fonds le glaive. Il contient le spectre entier de lumière. Je me refuse à dormir à l’horizontale sur une chaise, ça ne me mènera nulle part qu’au torticolis, or j’ai déjà mal. J’ai ondulé longtemps pour arriver sur ce sol de lait où les ours se noient.


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Europe Tout est compliqué. Je passe la tondeuse pour mieux m’ausculter le cerveau. Voir où j’en suis. J’ai beau chercher le fil conducteur, entre ici et ailleurs, mais la moissonneuse-batteuse passe et abat mes derniers souvenirs. Des fentes du parquet aux interstices du calorifère à la ligne tracée de terre, quelle frontière ? Ouh, ce mal de tête, entre gore-tex et cervelas, c’est là que mes tourments se logent.

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hic On m’avait dit vingt fois de ranger mes pensées au fond de tiroirs pour qu’elles n’effraient personne. Je les ai enfouies mais d’elles-mêmes elles remontent à la surface. Je retourne derrière les planches, me terre. Qu’on me débranche. J’ai grillé mes synapses. Ces lignes de bois me reposent. Pause.

« Sans titre », série «Effet cocktail», 2010, éd. 1/3 Tirage lambda sur papier, 46 x 61 cm et fichier numérique

EL « Ce que vous avez réalisé à partir de mon travail me convient très bien, car le projet fonctionne comme ça. Il s’agit d’allégories. J’utilise des objets triviaux pour traduire, décrire, décrypter des idées, et cela donne naissance à une forme dont on a perdu la source. Je sais bien qu’entre ma sculpture et le savoir il y a quelque chose d’infranchissable. Au final, il s’agit d’une forme d’expression assez vaine qui n’atteint jamais le monde des idées qu’elle veut exprimer. La pertinence de votre texte, c’est qu’il figure la deuxième phase de l’allégorie, il reprend les éléments pour insuffler un sens nouveau. Moi je donne l’impulsion, André Morin, le photographe, coupe dans l’agglomérat présenté. Il travaille à la chambre, ce qui donne la possibilité à la fois de tirer des grands tirages et d’aller fouiller dans les détails. Puis on laisse aux autres la possibilité de reprendre la main, comme vous l’avez fait, de revenir sur la description. Il s’agissait d’un travail à l’atelier, mais qui s’est avéré déjà exploitable pour une exposition. S’il faut revenir aux intentions premières, je travaille sur l’inconscient cérébral, les informations qui circulent dans le corps sans qu’on le ressente. Cette série Cocktail documente en quelque sorte une tentative de modélisation du tronc cérébral. »



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Pas pour habitude de consacrer cette rubrique à une exposition en cours, aussi thématique fût-elle. Il s’agit plutôt de faire se rencontrer deux univers artistiques temporellement, stylistiquement et sémantiquement éloignés. L’actualité culturelle nous sert alors de maille pour opérer un repérage, trouver l’artiste dont le travail possède une force tant évocatrice qu’elle ouvre une faille et se glisse en nous. En mêlant arts premiers et pièces anthropologiques aux œuvres contemporaines, Les Maîtres du désordre joue de cette même transversalité que nous aimons à explorer. Mais surtout en plaçant le chaos au cœur de son sujet, l’exposition nous renvoie aux profondeurs de notre être, aux sources même de la création. Elle vient nous chercher. Nous n’avons su résister à l’appel.

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Je a n - M i c h e l B a s q u i a t , T h o m a s H i r s c h h o r n , A n n e t t e Me s s a g e r , P a b l o P i c a s s o , C h l o é P i e n e v s l e s c o l l e c t i o n s d u Q u a i B r a n ly et du Field Museum C o m m i s s a r i a t d ’ e x p o s i t i o n Je a n d e L o i s y P a r T h o m a s L a p o i n t e , Te x t e C a m i l l e d e F o r g e s

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d ’a u j o u r d ’ h u i à h i e r

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Folle entropie

œ uv es in ra po s m ue nt. te q n si tre co as n s cl co re et en r se


JDL Dans les objets animistes, il y a une volonté d’équilibrer l’ordre et le désordre. Tout comme dans l’art contemporain : l’artiste est un anthropologue mais c’est aussi quelqu’un qui nous alerte sur l’état de nos sociétés.

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Que de maux, que de maux, sur ces mondes qui n’en sont qu’un, tuméfié, déformé, affreusement défiguré par la croissance de tumeurs brunes. Et c’est à moi qu’il revient, coque de bois, bulbe de végétal, de protéger la multitude ensevelie sous ces damnations ! Je commencerai par touiller cette mélasse dans les océans, peut-être que cela se diluera un peu… Et puis, je poursuivrai par les massifs, en maquillant les sales proéminences en belles montagnes… Oh non, c’est trop, je n’y parviendrai jamais ! Les dents m’en tombent à force de claquer, et mes yeux se cernent d’un rouge feu, sang, braise, fatigue. Ce cou-ci, permettez que je dévisse.

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– Hé, l’empaillé ! Oui, toi, là, tignasse filasse ! J’ai vu des trucs qui ne m’ont pas plu, ne serais-tu pas en train d’empiéter sur mon territoire ? Je suis le seul à chasser les djinns, ici. – Tu es bien ardent, jeune tison, lequel de tes yeux fous a mouchardé ? – Hé hé, reconnais-le, on ne peut me tromper, je vois, j’entends et sais tout ! – Je ne tiens pas à t’encenser, tu pues déjà le vieux mégot. – Ne fais pas de mauvais esprit, et regarde-toi : une belle gueule de bois. – C’est vrai, j’ai mal aux cheveux… Ces soirées d’initiation me tueront. – Faisons la paix, veux-tu ? Embrasons-nous !

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JDL Face à face, des divinités très troublantes de ce que l’on appelle le monde du sacré-sauvage, c’est-àdire des puissances éruptives, incontrôlables, qui viennent des confins du connu.


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Tronc de chair ou jambe de bois, on se perd dans les débats. L’homme se représente en oiseau et ignore son allure de fauve. Qui croire ? Le cri indompté ou le pouvoir silencieux ? Le corps courbé dans l’effort hurlant ou l’auguste voûte du rondin façonné ? La puissance est un mélange invisible de souffle et de boue, de réalité et de sacré. Qui se l’approprie risque son âme, qui la délègue perd son charisme, qui la reçoit devient le maître absolu des mondes. Ainsi dominants et dominés avancent-ils ensemble, semant derrière eux les traces de leur féroce entente. JDL Ces deux œuvres contestent la distinction entre l’homme et l’animal, refusent le fait que notre part d’animalité ne soit pas aussi une part de notre noblesse.

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Vivre dans les bois ne s’improvise pas, il faut s’y préparer. Commençons par nous y rendre en esprit, dans les taillis, sous les futaies. La vue se trouble, le flou l’emporte, il faut que l’animal qui dort en nous s’éveille et sorte. La truffe et les oreilles sont très importantes, elles nous démasquent mieux que le regard ou le sang. Rendonsles donc impressionnants ou discrets, l’essentiel est de convaincre pour subsister. Car dans la forêt, il faut ruser pour se défendre : l’un choisira de se camoufler, l’autre de surprendre. Mais après avoir osé, soyons sages, et tentons d’apprivoiser nos traits sauvages. JDL On est ici face à un feuilleté de réalité correspondant aux divers mondes que doit traverser l’esprit pour parvenir à jouer son rôle de régulateur du désordre.


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Nous finirons tous mangés. Par la terre, par le temps, par les vers. Pourquoi ne pas imaginer de commencer par la fin pour s’en prémunir ? Se jeter dans les rets souples et soyeux, s’envelopper de fourbe douceur, se figurer à l’abri de tout, et attendre le dernier moment pour s’étonner : la tarentule est aussi mère, et c’est ce qui nous trouble. Traduire la métaphore dans le bois nous donne l’illusion de la maîtriser, mais, lucide et hiératique, l’idole amplifie le mystère et son mandat nous échappe brusquement. C’est là toute l’ambiguïté de nos débuts au monde : naître nous expose irrémédiablement aux vices et autres similitudes grimacières. Danger ? JDL L’exorcisme est un processus personnel et intérieur, mais cela peut être aussi un théâtre effrayant.


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e eu ir j s a au is d s. m n n m re io co e p tat le s n d o n ro an iti nf Qu os co p s ex de

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(1) JDL La raison pour laquelle les Nkisi sont présents dans l’exposition n’a pas rien à voir avec la raison pour laquelle Thomas Hirschhorn est artiste. Je pense que l’artiste, comme le dit André Breton, est une « sentinelle sur le sentier à perte de vue des qui-vive ». à travers cette indignation que l’œuvre d’Hirschhorn porte envers l’incapacité des structures de nos sociétés à répondre au malheur du monde, l’artiste essaie de nous alerter. Entre ces œuvres tuméfiées, et ce crâne qui est là, on peut établir une relation formelle. Mais ce crâne, avec son miroir sur le front, s’adresse directement à nous : c’est à la fois un objet de défense contre la sorcellerie, mais aussi un objet d’attaque contre les sources du mal. Je pense que, dans les objets animistes, il y a une volonté d’équilibrer l’ordre et le désordre, de contrebalancer le malheur, de soulager l’infortune. Tout comme pour l’art contemporain : l’artiste est un anthropologue mais c’est aussi quelqu’un qui nous met en alerte sur les choses. Je trouve cela très beau, cette façon de faire parler les objets. Cela me fait penser à quelque chose qui pour moi est intense et que je recherche fortement dans l’exposition, à savoir donner dans la représentation suffisamment de force aux objets pour que ce soit eux qui nous regardent et pas seulement nous qui les regardions.

(2) JDL Face à face, des divinités très troublantes de ce que l’on appelle le monde du sacré-sauvage, c’est-à-dire des puissances éruptives, incontrôlables, qui viennent des confins du connu, des domaines où la raison n’organise pas le monde. La relation qui nous unit à ces puissances du désordre est toujours ambivalente : on les redoute, parce qu’elles tuent, autant qu’on les désire, parce qu’elles soignent. Elles sont aussi intempestives, car on ne sait jamais à quelle facette de leur personnalité on s’adresse. Le masque maou semble composé de différentes parties du monde animal. Exu est un transgresseur, violateur, violeur, vivant un érotisme sacré c’est-à-dire excessif, capable du mal comme du bien, puisque sa puissance échappe complètement à ces catégories. Il est ici peint par Jean-Michel Basquiat, qui pense, quand il fait ce tableau, à ses racines haïtiennes. L’un comme l’autre sont des figures qui agrègent des personnalités, des puissances qui sont autres : l’une est composée de fragments de la société animale, l’autre de débris de la société humaine. On connaît dans notre société d’autres figures ambivalentes comme celles-là. La plus connue en Occident étant Dionysos qui symbolise la déraison, la divine intoxication, l’ensauvagement, l’irruption du sacré le plus violent, la transe et la possession au sein même de l’ordre grec, dans un monde que l’on imagine structuré par la première démocratie, et qui, comme toutes les suivantes, a besoin de catharsis.

« Ces puissances, on les redoute, parce qu’elles tuent, autant qu’on les désire, parce qu’elles soignent. »

(3) JDL Associer un artiste contemporain à des objets venus d’autres cultures, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’objets intenses et que la démarche de l’artiste est absolue, ne pose aucun problème, puisque ces rencontres explorent l’humanité de l’humain de la même façon. Le travail de Chloé Piene, tout comme l’objet de l’Île de Pâques, conteste la distinction entre l’homme et l’animal,

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(1) • Thomas Hirschhorn, Outgrowth, 2005, © ADAGP, Paris 2012 • Nkisi (population kongo, Congo, début XXe siècle) © Musée du quai Branly, photo Claude Germa­i n

(2) • Jean-Michel Basquiat, Exu (1988), © ADAGP, Paris 2012 • Masque du Koma Ba (population maou, Côte d’Ivoire, 1900-1950) © Musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado

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Alors en plein accrochage de l’exposition « Les Maîtres du désordre », Jean de Loisy, qui en est le commissaire, accepte de jouer le jeu et de réagir à nos rencontres visuelles. Le discours passionné d’un homme qui en sait tout autant sur l’art contemporain, dont il est un acteur majeur depuis vingt ans, que sur les cultures primitives.

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r é a c t i o n s d e J E AN D E LOISY

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« L’artiste est quelqu’un qui nous met en alerte sur les choses »


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refuse le fait que notre part d’animalité ne soit pas aussi une part de notre noblesse. Tous deux pensent, peut-être comme l’homme de Lascaux, que lorsque l’homme met un costume de renne sur la tête, il se pare d’une dignité nouvelle et ne s’abaisse pas au rang des animaux. Le chamane vit ces transformations comme il vit des capacités supplémentaires qui contribuent à élargir le spectre de ses identités flottantes. Dans certaines cultures amazoniennes, par exemple, on s’étonne que nous puissions nous penser homme en permanence et que nous ne soyons pas à certains moments de la journée plutôt jaguar, plutôt anaconda ou plutôt colibri. On connaît, par exemple, en Nouvelle-Guinée, le peuple Baruya : les hommes se transforment en chauve-souris et les femmes en grenouilles afin de surveiller la limite des territoires du village, et de faire en sorte que le village rival ne franchisse pas la barrière magique installée par le chamane. Cette transformation est une constante de l’imaginaire ou de la réalité psychique de l’homme.

(5) JDL Être malade, dans les cultures animistes, c’est avoir un esprit indésirable en soi. Nous avons tous besoin soit d’apprivoiser soit de nous défaire de nos démons. Annette Messager représente ses organes comme pour exorciser une certaine répulsion qu’elle peut avoir à imaginer l’intérieur de son propre corps. L’exorcisme est un processus personnel et intérieur, mais ça peutêtre aussi un théâtre effrayant, comme le théâtre d’exorcisme du Sri Lanka, qui met en scène les dix-huit démons qui correspondent aux dix-huit maladies que peut vivre et dont peut mourir le patient qui subit ce rituel de 24 heures. Curieusement, cela donnerait l’impression que ce sont nos peurs qui nous réconcilient avec les excès de notre propre corps. L’exorcisme est une purge qui paraît incroyablement violente. Pourtant, quand on les voit là, on se rend compte qu’il faut vraiment se prendre nous-mêmes dans nos propres ruses pour pouvoir nous défaire de nos démons.

(5) • Annette Messager, Anatomie, 1995-1996, © ADAGP, Paris 2012 • Masque d’exorcisme pour protéger les femmes enceintes (Matara, Sri Lanka, XIXe siècle) © 2011 The Field Museum, photo by John Weinstein

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(4) JDL S’il est un artiste proche de ce comportement ambivalent, parfois farceur, parfois tragique, c’est bien Picasso. En 1903, il visite pour la première fois le musée de l’Homme où il reste stupéfait devant la puissance d’exorcisme dont se chargeaient les fétiches, que le XXe siècle découvrait alors, tandis que les dieux de la société occidentale s’évanouissaient presque simultanément. Nous avons à faire ici à une transformation d’homme en faune, c’est-à-dire d’homme qui affirme toutes les forces de ses pulsions comme constitutives de son être. Il s’agit de sept estampes présentant chacune un état successif : au début de la vision, il y a ce flou, dont parle le texte, cette sorte de tremblement si caractéristique des transes chamaniques. Puis, peu à peu, apparaissent les signes de son animalité, totalement acceptée, jusqu’à devenir ce personnage de la suite de Dionysos qu’est le faune au chèvre-pied, célébré par Stéphane Mallarmé et Paul Valéry. Ce travail est ici associé

à l’un des chefs-d’œuvre du Quai Branly, présenté au Louvre : un masque à transformation kwakiutl, qui présente, derrière le grand corbeau, le visage même du chamane, représentant l’âme de l’animal. Comme le dirait Roland Barthes, dans la nature ou dans notre monde de culture, « le masque s’ouvre toujours sur le visage d’un autre masque ». On est ici face à un feuilleté de réalité correspondant aux divers mondes que doit traverser l’esprit pour parvenir à jouer son rôle de régulateur du désordre.

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(3) • Chloé Piene, Blackmouth, 2004, Courtesy Chloe Piene et galerie Nathalie Obadia, Paris-Bruxelles • Homme-oiseau moaitangata manu (Île de Pâques, XVIIe-XIXe siècle) © Musée du quai Branly, photo Patrick Gries

(4) • Pablo Picasso, Autoportraits en Faune, 1re, 3e et 5e étapes (1962), photo Miki Slingsby © Succession Picasso 2012 • Masque à transformation (population kwakiutl, Canada, XIXe siècle) © Musée du quai Branly, photo Hughes Dubois


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L’absence fouille aux corps P h oto g r a p h i e L i s a L i n dvay Te x t e C a t h e r i n e M i n o t

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LL L’homme sur cette photographie, c’est mon père, et les deux garçons, ce sont mes frères, qui, bien qu’on les prenne souvent pour des jumeaux, ont une année de différence. Cette photographie fait partie d’un travail en cours dépeignant le quotidien de mon père, de ma sœur et de mes deux frères, qui, ses quatre dernières années, portent le fardeau de la détérioration mentale de ma mère. Cette série se veut une représentation visuelle des dilemmes intérieurs, physiques et émotionnels, dus à cet état de désordre. Mes photographies explorent la façon dont l’identité individuelle est modelée mais aussi affectée par les relations familiales.

(1) Non, non, non, ce n’est pas là, ni là, ou encore là qu’il faut regarder. Pas plus l’œil las du personnage central – le père, je présume – que les visages blafards des deux fils – vrais jumeaux ou pas. Sur la table basse, plus d’emballages que d’aliments, dispersés. Sentiment de dysharmonie. Question soudaine : le père aurait-il mis son teeshirt à l’envers ? (2) C’est là que tout se joue, dans le tiers inférieur de l’image, sous la table. Là peut-être que se trouve ce qu’il reste de vie, de liberté, d’individualité pour ces corps malmenés, mis aux normes. De gauche à droite : le premier personnage, assis en tailleur, porte une sorte de sarouel à fines rayures. En dépassent quelques orteils nus. Puis le père : pas de membres inférieurs mais en lieu et place un coin d’oreiller et une cotonnade semée de fleurettes. Le troisième personnage à droite, en tailleur également, les pieds revêtus de chaussettes claires ; trois doigts de sa main gauche. (3) Sur le parquet aux sombres reflets, deux petits traits de papier semblables aux aiguilles d’une pendule qui n’indiqueraient rien. Vacance définitive.

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Retrouvez l’ensemble de la série sur www.lisalindvay.com

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un illustrateur, sa façon i l lus t r at i o n d e Ya s h u c i t a t i o n d e Je a n D u b u f f e t

« Le chaos est l’aliment dont est gourmand l’estomac de la pensée. » numéro 4 rt il e b lu l st an ra ch te e ur à u . n

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J’ai vomi mon dessert


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Maison, mode d’emploi sons et images

BC Instructions : jouer au piano une mélodie chaleureuse. Laisser s’entremêler les motifs de violons en un bienveillant brouhaha. Faire tinter les lamelles du xylophone comme on porte un toast. À cette étape, les cuivres accompagnent l’ensemble ce qui ajoute une touche de magnificence. Le basson bourdonne en rudesse. Ce dernier devra alors dévier de la phrase principale pour achever de souligner son caractère rustre. Procéder à un jeu de chaises musicales : marquer l’interruption par un motif cacophonique au piano (ne pas hésiter à se servir directement du plat de la main sur le clavier). Démarrer la cavalcade à la caisse claire avec le soutien d’un ostinato au violon dont la hauteur de la note variera suivant les déplacements dans la maison. Combiner la phase descendante avec un registre fortissimo pour rendre compte de l’espace extérieur. Conclure par un violent coup de cymbale. Rattraper le tout sur un thème au cuivre pour plus de prestance et introduire dans la continuité dudit thème une orchestration

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La Maison démontable (1920) f i l m B u s t e r Ke a t o n e t E d w a r d F .   C l i n e Te x t e B a s t i e n C h e v a l de chambre pour le raccord au lieu susnommé. Percer l’harmonie ambiante avec un piccolo ruisselant en staccato et, après un temps d’arrêt, faire écran avec un air joué à la clarinette. Poursuivre sur un registre empesé pour renforcer le décalage. Au moment propice, faire fuir la clarinette en déployant un orchestre de cinquante violons sur une note élevée. Laisser dix de ces violons jouer une note grave, d’abord par à-coups puis en legato ; opérer un bref glissando dans un registre aigu. Répéter l’opération en rajoutant un instrument supplémentaire à chaque fois ; les autres cordes viendront compléter l’ensemble avec des arpèges joués en contrepoint pour créer un effet de torsade allegro toccafondo. Réunir l’ensemble des instruments évoqués et jouer jusqu’à les rendre inutilisables. Retirer les éléments de l’orchestration un à un en ne laissant qu’une trentaine de violons qui poursuivront ad libitum sur un tempo et un registre plus bas. Laisser l’épuisement faire son œuvre. Rideau.

m il -f ée e de n l n ag na ba p gi n. e o m o r i -s o un acc e de un n d’ ba


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numĂŠro 4

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JT

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L’idée est simple. Après avoir repéré un lieu et en avoir contourné les obstacles de type vigile / caméra, l’investir. Le temps d’une nuit folle au nez et à la barbe des marchands de soirées hors de prix sur leurs propres terres. La banlieue ? Trop facile. Il faut de l’enjeu, des risques. La gestion du public ? Beaucoup sont séduits par le caractère inédit de ce genre d’événement, et parce qu’il faut toujours s’adapter aux exigences du lieu investi, il faut que le nombre d’invités soit, selon le cas, limité ou non. Comment s’y rendre ? Les réseaux sociaux ? Ce n’est pas leur truc non plus. Il faut les pister, trouver leurs invitations sérigraphiées abandonnées dans les recoins de Paris. Il faut ensuite accepter de sacrifier cinq euros pour la bonne cause avant d’arpenter encore les égouts, grimper des échelles approximatives, se demander encore comment il faudra sortir en cas d’intervention policière... Mais le jeu en vaut la chandelle. Les lieux réquisitionnés sont toujours aménagés pour la circonstance et l’ambiance suit comme nulle part ailleurs dans le cadre normé des plaisirs nocturnes de la capitale.

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21 mars 2012, quelque part dans Paris. Après un échange de mails et plusieurs coups de fil, je parviens enfin à m’entretenir avec un membre de l’une des bandes les plus aventureuses de la capitale. Maîtres de la secret party à la française, les Forces du Désordre rebaptisent depuis déjà six mois Paris en cité de la teuf interdite.

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les forces du désordre CRÉATIONS , p h o t o g r a p h i e s e t t e x t e J a c k T o n e

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aux sources d’un art

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Teuf, teuf… réquisitions

Le on ti éa . cr ce la pla ur re po nd ps e m pr te de


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N’hésitez plus jugez par vous-même… La revue ENTRE s’associe aux Forces du Désordre afin de valider le bien-fondé des informations livrées ci-dessus. Envoyez un message privé à l’adresse qui suit, en 500 signes expliquez en quoi vous feriez un bon reporter. Les trois sélectionnés auront la chance d’être invités au prochain événement des Forces du Désordre et pourront publier leur témoignage sur le site de la revue !

contact@revue-entre.fr

numéro 4 Entre


E NTRe

Ilustration Maldito, Resisting the Present, Mussé d’ Art Moderne de la Ville de Paris, (Mars-Julliet 2012). (Détail)

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Expositions

Ab y s s e s e t t r o u b l e s du quotidien

Me r v e i l l e s a r l é s i e n n e s

Cela fait quelque temps déjà que l’on titille notre curiosité avec les incroyables découvertes d’antiquités faites, ces dernières années, dans le Rhône, vestiges de l’Arles antique dans toute sa magnificence. Basreliefs, statues, bronzes et bijoux sont autant de signes de l’architecture de la cité, comme de son activité commerciale. Avec, en point d’orgue, une passionnante réflexion sur la difficile attribution d’un portrait de César. T.L. Arles, les fouilles du Rhône : un fleuve pour mémoire, musée du Louvre, Paris 1er. Jusqu’au 25 juin.

L’a r t b r u t i t a l i e n

e n t r e

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Par Fitzgerald Berthon, Thomas Lapointe, Aurélie Laurent, Catherine Minot, A n n a Se r w a n s k a , Jack Tone

Théâtre

En quelques spectacles, Joël Pommerat a su imposer un univers fascinant, trouble et anxiogène. Après avoir présenté sa vision grinçante et décalée de contes célèbres (Pinocchio, Cendrillon), la saison de l’Odéon se clôturera par la reprise de Cercles/Fictions et Ma chambre froide. Les images étranges qu’il crée, soutenues par un dispositif scénographique qui fait la part belle aux illusions – apparitions et disparitions instantanées des décors et des personnages – marquent les esprits. Le plus déroutant étant que ses fictions reposent toujours sur des situations au premier abord très banales. L’histoire d’une petite entreprise dont le patron rêve de monter un spectacle, par exemple, dans Ma chambre froide. Malgré une langue dénuée de toute sophistication, c’est bien l’auteur tout autant que le metteur en scène qui est invité cette année à l’Odéon, sa finesse d’écriture et son art du dialogue révélant toute l’étrangeté du quotidien. Dans Cercles/Fictions, le croisement d’histoires d’époques multiples creuse un peu plus cet abysse, tour à tour effrayant et attirant. F.B. Cercles/Fictions, du 23 mai au 3 juin. Ma chambre froide, aux Ateliers Berthier, du 7 au 24 juin.

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C’est tellement mieux en vrai

nos pages agenda

Après nous avoir initié à l’art brut japonais en 2010, la Halle Saint-Pierre se tourne maintenant vers l’Italie avec ces Banditi dell’arte, coupeurs de routes institutionnelles et détrousseurs de certitudes artistiques. L’Italie du début du XXe siècle les condamna à la double peine : ils étaient mis à l’isolement dans des asiles, tandis que leurs œuvres étaient reléguées dans des collections historiques relatives à la psychiatrie et au monde carcéral. C.M. Banditi dell’arte, Halle Saint-Pierre, Paris 18e. Jusqu’au 6 janvier 2013.

des cicatrices sur vitres

Le street art est au goût du jour, et les expositions à son sujet se multiplient. Dominique Auerbacher sait se démarquer de la masse en se focalisant sur les « scratches », inscriptions gravées dans les vitres des transports publics, photographiées à Berlin. L’exposition propose un regard original sur les graffitis, inscriptions populaires cursives qui remontent à la Grèce antique. A.L. Scratches, Maison européenne de la photographie, Paris 4e. Jusqu’au 17 juin.

ur cœ rt, de ’a s ed up èr re s. co ati ltu re o s m c u au t N en et


Conférence un Joyeux non-anniversaire, mister Bourdieu

Boutique Sésame

On franchit ce pas de porte comme on pénètre une caverne d’Ali Baba. Les trésors ici sont

Idéalement programmé au Théâtre de l’Odéon le 4 mai prochain entre les deux tours de la présidentielle, le colloque Pierre Bourdieu : l’insoumission en héritage propose de penser les thèses du pape de la sociologie française disparu il y a dix ans à l’aune du débat théorique et politique d’aujourd’hui. Oubliez les hommages larmoyants ; ce jour-là Bourdieu sera vivant. J.T. Théâtre de l’Odéon. Le 4 mai. Entrée libre sur réservation : present.compose@theatre-odeon.fr

Vu en passant Paf le vélo

C’est depuis 1995, et les grèves paralysant la capitale, qu’elle traînasse sur son vélo. « Les premières années, on était en pleine émergence cyclable. Paris n’était pas prêt… c’était le Bronx. Au bout d’un an, les flics ont commencé à contrôler, les gens se sont disciplinés. Mais depuis l’arrivée du Vélib’, c’est le bordel. Les gens roulent côte à côte, sans faire attention à la circulation. Quand je vois qu’ils grillent le feu rouge, au bout de la deuxième fois, je sévis. Je leur fous des coups de talon dans les rayons de leurs roues, ça les bloquent et ils tombent. Ça me fait plaisir, il y a une justice. » A.S.

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Enfin le Grand Palais rend justice à Helmut Newton à travers cette première rétrospective en France. Deux cents photos issues de la collaboration entre le photographe de mode (1920-2004) et la presse sont mises en valeur dans un lieu haut en couleur. On retrouve avec plaisir des photographies connues de tous, tels ses grands nus longilignes, côtoyant d’autres photographies, moins célèbres, mais tout aussi superbes. Le photographe allemand apporte plusieurs (r)évolutions dans l’univers de la mode. Son œuvre se résume à une véritable ode aux femmes, à la beauté. Newton a su libérer les esprits et les corps au travers d’un érotisme chic qui met en valeur une beauté particulière – allemande, forte, vigoureuse, dominatrice. Une exposition indispensable. Pour la réflexion que cet homme de génie a su porter sur son médium. Pour ses provocations sans limites. Pour l’amour qu’il a porté continuellement à sa femme, malgré son activité, et sa manière de savoir la mettre parfaitement en valeur. Pour son humour. Pour son talent. A.L. Grand Palais, Paris 8e. Jusqu’au 17 juin.

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Yves Saint Laurent, Vogue France, Rue Aubriot, Paris, 1975 © Helmut Newton Estate

He l m u t Ne w t o n «   g o n n a be a t t h e s y s t e m   »

produits bio et solidaires. Une adresse qu’on a hésité à révéler de peur que l’engouement d’un trop grand nombre ne transforme l’esprit des lieux. Mais Nassima et Linda veillent. Deux sœurs, dont l’une est diplômée en phytothérapie et aromathérapie, prodiguent des conseils gracieux. C’est « femmes à femmes » qu’elles négocient avec les productrices l’huile d’argan du Maroc, le prix de vente est fixé alors. Il doit rester accessible, les femmes du village y tiennent. A.S. Souk botanique, 1 rue du Liban, Paris 20e.

Ilustration Maldito, Resisting the Present, Mussé d’ Art Moderne de la Ville de Paris, (Mars-Julliet 2012). (Détail)

Exposition

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J’en peux plus, il faut que je sorte !


Ilustration Maldito, Resisting the Present, Mussé d’ Art Moderne de la Ville de Paris, (Mars-Julliet 2012). (Détail)

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À feuilleter, à écouter…tranquille Film

Livre

L’ e n v e r s d u d e d a n s

P a r i s v s . Ne w Y o r k

D’après vous, combien de temps faut-il pour réaliser un court métrage d’une vingtaine de minutes ? Tout dépend des moyens financiers, de l’engagement des uns et du dévouement des autres. Ce court-là aura exigé deux ans de travail obstiné. Un film pour nous faire glisser de l’autre côté. Le pitch : un scientifique qui soupçonne l’existence d’univers parallèles tente de briser la règle des probabilités à la recherche d’une preuve. Il s’éprend de calculs, d’équations quantiques, se prend la tête et se prend au piège. Lui, le personnage. Mais lui aussi, le réalisateur. Jupiter de la Bâtardise se prend les pieds dans une réalité qui, comme souvent dans les cas extrêmes, dépasse la fiction ou plutôt la colle de trop près. La phase de postproduction vient sceller l’intrigue. Enfermé dans un bureau nuit et jour, le réalisateur reprend patiemment les travaux laissés inachevés par quelques techniciens laxistes. Une année défile, lui, obnubilé par le sacro-saint écran d’ordi sur lequel il chouchoute ses images, en oublie l’autour, néglige sa femme, se perd de vue lui-même, se dégrade physiquement… L’antre devient terrier. On est loin du happy end. Une histoire d’initiation avec rupture programmée. Une fois le film bouclé, la réalité brisée l’a emporté. Mais le film, oui le film, existe. A.S. Schrödingerskatze, le making-of sur : www.chat.parol.es Le film participera au Short Film Corner au festival de Cannes 2012.

C’est à travers un blog que le graphiste Vahram Muratyan s’est lancé dans ce duel d’images entre les capitales française et américaine. Dans un style épuré et marqué, et avec un humour et une tendresse pour les deux villes, il croque les lieux emblématiques, les habitudes, les clichés que l’on connaît de Paris et New York : baguette vs. bagel, JeanLuc Godard vs. Woody Allen, Time Square vs. Champs-Élysées… Et au cœur de l’ouvrage, cette idée bien sentie d’une carte de Paris avec les noms des quartiers new-yorkais et vice-versa. T.L. Paris vs. New York, Vahram Muratyan, éditions 10-18, 13,10 €.

Photographie Wolfgang Tillmans

Encore une brillante idée signée Taschen ! Réunie en trois volumes, une importante part du travail de l’Allemand Wolfgang Tillmans, photographe qui s’est fait un nom en capturant l’esprit d’une époque, à travers ses clichés du milieu berlinois underground au réalisme sale et à la sexualité affichée. Aujourd’hui, on se plaît à découvrir ses natures mortes contemporaines de bord de fenêtres où traînent fruits découpés, restes de cacahuètes, cendriers pleins de mégots et magazines en vrac. T.L. Wolfgang Tillmans, 3 volumes, Taschen, 29,99 €.

Livre Quand je serai ministre de la Culture

Le ton est solennel. Les idées empreintes d’un souffle sympathique. Mais il ne s’agit encore que d’un livre… Quelque part entre le rêve éveillé et la note préliminaire en faveur d’une révolution institutionnelle, Jean-Gabriel Carasso envisage un renouveau des politiques culturelles. Composé à la manière d’une suite de discours officiels, l’ouvrage tacle notre temps et nos mauvaises habitudes avec tact. J.T. Quand je serai ministre de la Culture…, Jean-Gabriel Carasso, éd. de l’Attribut, 14,50 €.


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Guy Fawkes à enfiler

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avec Lucie Giard et Bruno Thoué i l lus t r at i o n d e M o n s i e u rWa lt e r ( M a x i m e V i s e ux ) P r i s e d e v u e v i d é o S t é p h a n e Ze n o u (à retrouver sur www.revue-entre.fr)

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Cuisine à variables inconnues

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Stellatopia. Au Pré-Poitiers à Nevers, un centre d’accueil d’urgence, Emmanuelle Lainé fait participer patients et infirmiers à l’élaboration de son œuvre. Une série photographique a été tirée aux éditions Parc Saint Léger.

Pour ses cinq ans, l’espace Jacques Villeglé de SaintGratien accueille une exposition de l’artiste qui lui a donné son nom. Ici, point d’affiches, mais des sculptures récentes pour découvrir une nouvelle facette créative du lacérateur anonyme. Jusqu’au 23 juin, Espace Jacques Villeglé, SaintGratien (95)

Bruno Thoué Bruno, fondateur de Bruno, fondateur de L’Intendance Suivra, se présente comme un « réalisateur de plaisirs gustatifs ». Auteur-réalisateur même, puisqu’il écrit les scénarios des buffets pour les adapter aux projets des hôtes. www.lintendancesuivra.com

B ay ro l J i m e n e z Resisting the Present, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, jusqu’au 8 juillet 2012. The Roads of Devotion à la Galerie Dukan Hourdequin jusqu’au 28 avril 2012. Le s f o r c e s du désordre

B·a·t Nouvelle fonderie de caractère française. www.batfoundry.com au

Qui ? Quoi ? Comment et surtout où ? Annoncer la prochaine secret party parisienne? Que les meilleurs gagnent !

Tony Orrico Le nouveau solo show de Tony Orrico aura lieu à Mexico City chez Polyforum Siqueiros et présentera une sélection de travaux récents réalisés sur corps et sur papier. Je a n d e L o i s y Après l’exposition « Les Maîtres du désordre » au Quai Branly, Jean de Loisy prend la tête du Palais de Tokyo qui a rouvert ses portes avec la Triennale 2012 Intense proximité le 20 avril, avant de retrouver la programmation du nouveau maître des lieux en septembre.

Anonymous Les Anonymous ont aussi droit à leur film (de fiction) : Aux yeux de tous de Cédric Jimenez, en salles depuis le 4 avril. © Dan Miller et galerie christian berst, 2012

Pots de départ, anniversaires de grand-mères, mariages blancs je saurai épicer les moments marquants de votre vie en y ajoutant les ingrédients manquants. Facebook : Eat Me.

(Monsieur Walter) Illustrateur, graphiste. Très attiré par la typographie et l’illustration noir et blanc, tout ça dans un univers rock n’roll 80’s assez sombre. www.monsieurwalter.com © courtesy galerie Dukan Hourdequin.

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Lucie Giard

Maxime Viseux

Michael Hart – Courtesy Tony Orrico et Shoshana Wayne Gallery.

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Jacques Villeglé

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Emmanuelle Lainé

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© Jacques villeglé : yes, 2007

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L i s a L i n dvay

S t é p h a n e Ze n o u Des vidéos sympathiques pour des gens sympathiques… et à chaque fois, une histoire nouvelle qui se raconte. Une agence pour mettre en belles images les instants de vie ou projets audacieux. http://pinklemonade.fr/

Dan Miller Avec graphein, la galerie Christian Berst présente la première expo solo en France de Dan Miller, grande figure de l’art brut, autiste profond, qui figure depuis 2008 dans la collection permanente du MoMA à New York. Jusqu’au 19 mai.

Ya s h u Direction artistique tout-terrain www.yashu.fr

e st ti ar é s ip de tic o. o r r m pa mé ro t u -p an e n to ay à c s


MUSÉ E S

Lieux d’exposition La Gaîté Lyrique (3e) Le BAL (18e) La Maison Rouge (12e) La Maison européenne de la photographie (4e) L’Arsenal (4e) Le Collège des Bernardins Le Point éphémère (10e) La Maison des métallos (11e) Bétonsalon (12e) Les Ateliers de Paris (12e) Mains d’œuvres (Saint-Ouen) Le s c e n t r e s c u lt u r e l s

Fondations Fondation Cartier pour l’art contemporain (14e) Fondation YSL/Pierre Berger (16e) Fondation Henri CartierBresson (14e) Fondation Ricard (8e) Fondation EDF (7e) Fondation Calouste Gulbenkian (7e)

THÉ Â TR E S Le Lucernaire (6e) Théâtre de la Ville (4e) Nouveau Théâtre de Montreuil Théâtre du Châtelet (1er) Théâtre de la Cité (14e) CINÉMAS La Cinémathèque française (12e) Le cinéma d’art et essai Méliès (Montreuil) Le Forum des images (1er) S a l l e s d e s p e c ta c l e La Machine du MoulinRouge (18e) La Flèche d’or (20e) La Maroquinerie (20e)

Librairies & MÉDIATHÈQU E La librairie du musée d’Art moderne La médiathèque du musée du Quai-Branly La bibliothèque Marguerite Audoux (3e) Le Merle moqueur (20e) Le Merle moqueur au 104 (19e) OFR librairie (3e) Écoles L’école et la galerie des Beaux-Arts (6e) La Fémis (18e) IESA (1er) LISAA (6e) HÔT E LS , b r a s s e r i e s et restaurants Le café de Flore (6e) Le bar du marché (Montreuil) Le Grand Véfour (1er) Le Murat (16e) Da Rosa (6e) Le camion qui fume (itinérant) Bogato (14e) Le Meurice (1er) Lotti (1er) Le Royal Monceau (8e) Le Concorde Lafayette (17e) Le Concorde Saint-Lazare (8e) Hôtel d’amour (9e) Le 7th (18e) Le Bel-Ami (6e) Le Majestic (16e) Grand magasin Le Bon Marché (7e)

Prochain rendez-vous numéro 5 : le vol de la mouette ÉTÉ 2 0 1 2 avec, Air, le Palais Idéal du Facteur Cheval, Pierrick Naud…

Entre

Suisse Suédois (3e) Finlandais (5e) Néerlandais (7e) La Maison de l’Amérique latine (7e) (3e)

Galerie Voskel (11e) Galerie Anatome (11e) Galerie Wallworks (10e) La Maison Revue Noire (14e) Galerie Camera Obscura (14e) Galerie Air de Paris (12e) Galerie VU (9e) Galerie Yvon Lambert (3e) Galerie Gabriel & Gabriel (3e) Galerie Daniel Templon (3e) Galerie Jeune Création (18e) Galerie Nathalie Obadia (4e) Galerie LJ (3e) Galerie Odile Ouizeman (3e) Galerie Dominique FIAT (3e) Galerie Tsumori Chisato (3e) Galerie Jérôme de Noirmont (8e) Galerie Alain Gutharc (3e) Galerie Anne Barrault (3e) Galerie Bertrand Grimont (3e) Galerie Claudine Papillon (3e) Galerie Laurent Godin (3e) Galerie Olivier Robert (3e) Galerie Patricia Dorfmann (3e) Galerie Emmanuel Perrotin (3e) Galerie Polaris (3e) Semiose galerie (3e) Kogan gallery (3e) Galerie Dohyang Lee (3e)

La Bellevilloise (20e) L’Atelier du Plateau (19e) Le Café de la danse (11e) Le Café Caché du 104 (19e) Le Nouveau Casino (11e) Petit Bain (12e) Les Instants Chavirés (Montreuil)

numéro 4

Le Palais de Tokyo (16e) Le Jeu de Paume (8e) Le musée Zadkine (6e) Musée Gustave-Moreau (9e) Le musée Carnavalet (3e) Le MAC-VAL (Vitry-sur-Seine)

Galeries

Ilustration Maldito, Resisting the Present, Mussé d’ Art Moderne de la Ville de Paris, (Mars-Julliet 2012). (Détail)

liste des points de diffusion sur Paris et petite couronne

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Où nous trouver ?



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