LA TRILOGIE D'UN CROYANT CONVAINCU

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QUE TU SACHES

rence. Comme elle avait une vue défaillante, elle se plaçait juste sous l'abat-jour, le nez collé au papier, tandis que son visage, par à-coups, allait et venait de gauche à droite, et que, de temps en temps, des larmes coulaient sur ses joues : la moindre misère faisait saigner son cœur. Quand elle souffrait par trop, elle montait vite dans la chambre; et là, misérable, impuissante et comme désespérée, elle se jetait sur le lit en sanglotant. Plus tard, consolée, elle redescendait doucement l'escalier et personne n'en savait rien. Une grande force d'amour, de patience et de sérénité se développait normalement en elle, bien qu'elle fût d'une extrême faiblesse et donc qu'humainement cela eût pu sembler tout à fait incompatible. Car la parole de Dieu dit la Vérité lorsqu'elle déclare que la vraie force naît de la faiblesse consentie. Et toute la vie de Jeanne en témoigne: d'elle-même, elle eût été incapable de supporter le dixième de ce qu'elle supportât. Il fallait qu'un autre vînt vivre sa vie en elle et la rendît capable de cela. Ainsi, tout ce qui lui était arrivé, des premiers instants de son existence jusqu'à la fin, en passant par les nombreuses étapes nécessaires au façonnement de son être profond, tout cela entrait dans le plan d'amour que Dieu avait pour elle. L'exposant sans relâche à la plus âpre des pauvretés, il avait fait mourir en elle, petit à petit, la vieille créature ; et 69


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